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Fisc fucking
par Zitoun


J'avais très envie de retrouver quelqu'un avec qui sortir, rompre le pain et pourquoi pas oser des jeux rigolos à base de champagne et d'organes génitaux. Il y a bien ces soirées dans des bars ultra branchés où des femelles « sapiens sapiens », quelle ironie, gavée de mojitos et de superficialité, étalent sans scrupules leur vulgarité et arrosent la soirée de rires consternants et de coups d’œils libidineux à l'intention de mâles bodybuildés au vocabulaire limité. Et oui c'est la crise. Mon aversion misanthropique et mon compte en banque vidé prématurément par les services fiscaux, m'éloignèrent de ces endroits dangereux où l'on chope un interdit bancaire et une mycose en deux battements de cils. Longs. avec du mascara. Donc cette saisie par les impôts m'avaient redonné une éthique. Je risquais de tomber sur quelqu'un de bien plus respectable à la médiathèque ou sur une vélo-voie. Mais je fis choux blanc. Avec du recul, je me suis senti comme un vieux pervers prédateur au milieu des allées de disques ou de bandes dessinées fréquentées exclusivement par des lycéens entre deux cours. Sur les lieux de sport, je perdais toutes mes chances au bout de deux cent mètres en affichant un visage cramoisis et des auréoles suintant l'Heineken jusque dans mes chaussettes. Dommage, ces activités étaient gratuites. Les impôts m'avaient saisi, j'ai déjà dû le mentionner quelque part, suivez un peu, j'ai donc décidé de rechercher la partenaire idéale, celle qui vous écoute religieusement en buvant vos paroles, qui n'a aucun avis contraire tellement elle vous trouve lucide, et qui aime vous regarder parler en talon aiguille et guêpière tandis que la télé diffuse le dernier match du championnat. Un mythe, quoi. J'ai donc décidé disais-je, de la chercher de chez moi. Je ne pensais pas un jour avoir recours à des sites de rencontre que j'avais toujours attribués à une clientèle ou laide ou sociopathe. Je ne suis ni l'un ni l'autre s'il vous plaît cher lecteur je vous entends penser d'ici ne soyez pas insultant. Je fis la connaissance d'Elsa. Trente-neuf ans, mince, allure élégante. Tout comme moi, elle adore les photos de petits chats, les comédie romantiques, et trouve que le cancer c'est caca et que la guerre c'est vraiment pas sympa comme situation politique mais qu'heureusement c'est plus souvent chez les étrangers qu'on la fait. Nous étions fait l'un pour l'autre. Au moins pour une heure de vie commune. J'inclus le restaurant et les préliminaires. J'avais prié une bonne partie de la journée le bon dieu des bourses-fauchées-par-l'Etat, qu'elle ait envie d'une simple pizza et non d'un homard fourré aux truffes, même si je doute que cette recette existe. Après des tagliatelles au poulet trop onéreuses, volaille élevée au caviar et au Chablis en plein air probablement, il y eut les regards langoureux, des effleurements de peaux et des rires niais. Elle me proposa de l'accompagner chez elle. Victoire. « Je n'habite pas loin, près du centre, j'ai un logement de fonction. _Ah oui, tu fais quoi dans la vie ? _Je travaille aux impôts. » Je suis parti en lui laissant la note. Non mais ! Pardonnez mon language, mais je n'allais tout de même pas me faire niquer deux fois par le fisc dans la même semaine.



Poème posté le 18/03/18


 Poète
Zitoun



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