Les yeux rouges
dans la nuit
qui bougent
le grand méchant loup gris
de mes terreurs enfantines
Les yeux rouges
des grands lapins blancs
que mère-grand arrache
d’un coup de couteau
pour les faire saigner
pour mieux les manger
mon enfant
les si beaux si doux géants
blancs des Flandres
les grands lapins blancs
de mes horreurs enfantines
Les yeux rouges
du grand lecteur de comptines
les nuits de voyage
sur les ailes des personnages
de mes grandeurs enfantines
Les yeux rouges
du train
qui part
qui s’enfonce dans le noir
emporte au loin
tous mes espoirs
de tes moues mutines
Les yeux tout rouges
Maman t’as pleuré
Papa t’a giflée
T’es par terre
au pied du vieux moulin
à café en faïence
vissé dans la cloison
T’es par terre
mais tu bouges
Les yeux tout rouges
Maman t’as pleuré
Papa dit : Tout ça
c’est la faute à ta mère
Tout ce gâchis
c’est la faute à qui…