Du paradis j’ai su l’indicible houri
Qui longtemps à son sein guilleret me nourrit
Et du haut de ses jambes longues balançaient
Ces deux globes jumeaux sur son pas cadencé
J’ai été ce passant hésitant qui ne sait
Où rester où aller de dedans ou dehors
Bien que portes fenêtres ouvertes laissées
À l’avide voleur des décors de son corps
J’ai été cette pluie qui ravine le champ
Soc têtu qui retourne et qui creuse la terre
Convaincu qu’à fouiller surgirait le clair chant
Quand la diablesse enfin livrerait ses mystères
Conquérante et soumise était loi son caprice
Des secrets de sa chair aie connu les délices
Son sourire et ses yeux suscitaient les supplices
Que son corps réclamait en plaintes non factices
Elle fut ces vallons où ru creuse sillon
Avant que dans sa glaise se perde au tréfonds
Elle guida son prince en unique précepte
Quand sa bouche royale couronna mon sceptre
Quand ses seins frémissaient sous morsure des dents
Que s’ouvrait sous mes doigts son sadinet fleuri
Et que nous combattions en un rythme obsédant
La chaleur de son corps s’éteignait dans son cri
Invaincue au combat elle reprenait lutte
De caresses en coups des plus doux aux plus rudes
Elle était grande reine tant qu’infâme pute
Pas un geste ignoré que ne nia la prude
Du dormir auprès d’elle et du mourir en elle
Quand partir elle dit en raison de distances
Qui de ces corps à corps abaissaient la fréquence
Lorsque je devins feu flamme sans étincelle
Je fus laissé comme arbre veuf de ses racines
En autre mort je crus sombrer en mal d’union
Qu’est devenue la rose quêteuse d’épines
Qui m’apprit à aimer jusqu’à la destruction.