Jamais il ne nous restera assez de temps
pour comprendre, soulager, apaiser les douleurs,
jamais assez de regards pour fixer le malheur
mais jamais trop de mémoire
pour oublier le sang,
la mort,
les blessés, les errants,
la détresse des survivants,
tous ces corps entassés,
écrasés, écartelés,
emmurés dans leur propre supplice,
ces milliers de gravats où s'enchevêtrent
parmi les décombres :
tous les épicentres de l' âme,
tous les séismes de la peur,
tous les fers tors de l' esclavage,
toutes les chapes de violence,
tous les stigmates de la faim.
Château de cartes écroulé au soleil,
l'onde de choc court au galop le long de tes rivages
et la beauté de tes images
ne peut masquer l'horreur d'un pays
à l'espoir éventré.
Haïti, joyau des Caraïbes,
terre à jamais crucifiée.
Un poème pour honorer le peuple fier et courageux d'Haïti, une nouvelle fois confronté à son cruel destin.