Dies irae
Jour de colère, ce jour-là !
Villes réduites en poussière,
Horreur et faim, et la lumière
Sur l’enchevêtrement des pierres,
Béton, fers, et corps écrasés !
Nulle Sybille n’a prophétisé
L’effroyable. Et nulle trompette
N’a résonné sur les tombeaux des innocents !
Aucun juge qui les convoque,
Nulle surprise pour la mort
Qui dans la nuit couche les hommes !
Nul livre, pour nulle justice !
Les secrets restent enfouis…
Et l’assassin reste impuni.
Que dire de cette misère ?
Qui condamnera quels coupables ?
Qui protègera les « élus » ?
Elus de qui ? De l’épouvante !
Où donc est la « source d’amour » ?
Où, le dieu qui nous a perdus ?
Fable que le feu qui nous hante,
Et les rêves de paradis :
Vérité – des cadavres nus,
Les cœurs broyés par le hasard
Lourd comme cendre de volcan !
Jour de larmes que ce jour là…
Qui a veillé sur les mourants ?
Qui sur l’île sans « autre monde »,
Rendra aux morts le vrai sommeil !
Où la divinité dont l’ombre
Planerait sur les décombre ?
Je scrute au fond de la poussière,
Celle des morts et des vivants,
Et ne vois rien dans la poussière
Que des pauvres gens sur Terre
Qui poussent des cris déchirants !
Jour de colère, ce jour-là !
Cités détruites, vies brisées,
Horreur et faim, et la lumière
Sur l’enchevêtrement des pierres,
Béton, fers et corps écrasés !