Merci
L’ami
Pour ce billet
Qui me disait
S’inquiéter
De mon sort.
Eh bien, je vis dehors.
Alors
Merci encore
Pour cet autre billet
Qu’un jour j’extirpai
De votre gilet.
J’ai rien appris
Rien compris
De la Vie,
Corde au cou
A courir après des sous
Et le soir rentrer dans son trou
Tout doux
Camarade
Je suis restée en rade
Depuis que j’suis gosse
Je ne roule pas carrosse
Je traine ma bosse
Entre deux courants d’air.
Je ne sais rien faire
Que tendre mes mitaines
Pour une rengaine
Que je dégaine
Aux chalands
À la triste figure
Qui trois mesures
Écoutent
Et s’en foutent
Puis lentement
Comme à un enterrement
Suivent tête basse
La masse des gens.
Rien de rien
Une moins que rien
Que je suis mais tiens !
Je soigne mon quotidien
Je vis de tous petits riens.
De mes nouvelles,
Vieilles dentelles
Aficionado de l’autel
Et du missel
En voici !
Je manie
Ni la pelle
Ni la truelle
Mais suis gentille
Et manuelle,
Une chic fille
Comme avant
Quand, mon Père
Nous jouions aux billes.
Mon fonds de commerce
C’est le dimanche.
Après la messe,
lorsque j’ai fait la manche
Avec dans les yeux
Toute la détresse
A faire pleurer l’Bon dieu,
Je tire des troncs
Des Saints Fiacre et Timoléon
Quelques ronds.
J’ai rien appris
Rien compris
De la Vie,
Corde au cou
A courir après des sous
Et le soir rentrer dans son trou
Tout doux
L’ami
Je te le dis
C’est un rituel
Qui se perd
C’est misère !
Faudrait
M’sieur l’abbé
Que tes brebis
Paradis garanti
A la quête
In my pocket
Jettent
Un peu plus d’oseille
Dans la corbeille
Toi, t’as un bon fond !
Un bon fond de poche
Moi, suis de la cloche
Faut bien que je croute
Mas si j’avais su plus tôt
Que c’était toi mon Toto,
Complice du bac à sable
Copain de cartables
Le prieur de ces lieux
Je m’en fus ailleurs
Dépouiller religieux.
Moi désœuvrée
Toi curé
Avons bien mal tourné
Cordes au cou
Dans la vie
Qui sait
Notre trou
Aurions fait
Ensemble
Sans doute
Avant l’août
Serait absoute.
En réponse à une lettre
Si bien cachée
Qu’hier je volai
À un prêtre
Je te jette au caniveau
Ma bouteille épistolaire
Par retour
Raconte à ton tour
Je veux savoir ton boulot
Tout sur ton existence
A ras jusqu’au goulot
Et remercie
La providence
Que je t’ai vidé les poches.
Ta Manu
Qu’a changé de quartier
Par amitié