La colère
par Johnyvel
Mes doigts écarlates explosés dans le bois
blanc de la porte quand soudain je m'emporte
par le monde qui me crève à m'éloigner mes rêves
indigné se soulève mon cœur nu dans la plèvre.
Je suis seul dans ma chambre, comme toujours
et je gueule, je me cambre, je suis sourd
car les gens qui m'entourent m'emmerdent!
Et c'est ce désamour un jour qui va me perdre...
Je perds, tout, mes amis... mes amis et mes amours
Ceux que je crois ne plus aimer au jour le jour
mais que j'aime de nouveau quand je fonds dans la nuit
quand je bouffe la vie debout sur mon lit !
Crispé, enragé, je serre, et plie mes phalanges
ma rage contrôlée, révoltée, me démange
mais mon poing reste ouvert, car -et c'est un aveu-
le coup de poing ouvert sera moins douloureux.
Je veux exploser, sortir de ce corps le p'tit con
qui sourit, je veux maintenir ce sursaut de colère
et dévaler les rues, sauter au dessus des barrières!
Je me gratte, je me griffe, c'est la démangeaison...
C'est la débandade, c'est la déclaration... de puissance!
C'est l'extase du tout puissant, de son invasion
que je devinais depuis ma vie, par soupçons
et qui là se dévoile comme une évidence.
Je me jette sur mon clavier, qui seul peut résister
à la déferlante, à la dégringolade de mots
qui du pharynx dévient, dans le toboggan rouge,
rouge sang
qui se jette dans le torrent de mes pensées excrétées...
Pensées qui se suivent, comme des bêtes, affamées
qui impriment sur l'écran, et sur les feuilles
un éclair! Et le papier photo s'enflamme,
si vite que la flamme rattrape la fumée.
Elle rattrape la fumée avant que celle-ci ne s'échappe
comme les mots balancés que mon clavier attrape,
je ne les choisis pas, je ne les mesure pas, ils tombent,
ils fracassent le sol, ils découvrent et dénudent les tombes.
Et quand je sens un arrêt, une seconde, un dixième
je rallume la colère, pour garder le mouvement,
l'inspiration, la flamme, le précieux jaillissement..
comme les bougie du temple à Jérusalem!
Le vide, le vide, non ! trouvez moi de l'oxygène,
je crie et mon souffle fait trembloter l'aspirante,
qui va, qui vient comme les feuilles de Verlaine
et de longueur en langueur, son âme est suffocante.
Alors j'arrête de crier, je m'assois, et je pleure,
je pleure, mais pas comme un homme, je pleure
comme un animal, comme un enfant, comme un chiot,
reniflant, en rebonds humides, en sanglots.
Puis arrive l'ami, l'innocent, l'inconscient
et qui ne sait pas que je vis dans le tourment,
caché, dans mon domaine, derrière la colline,
on ne peut pas me voir, mais certains me devinent...
Alors je peux me lever, je peux sourire,
je peux rire, jouer de ma rhétorique
pour détourner, l'enquêteur improvisé
pour encore me cacher, dans l'allée des secrets.
Mais non, pas cette fois! Cette fois, je suis déchaîné,
et ma rage, cette rage puissante, cette flamme,
j'ai décidé de l'alimenter, pour l'admirer!
Tant pis! J'allume la lumière, et c'est le drame.
Que va-t-il se passer? Ces mondes qui se croisent
qui se voient, différents... sont-ils compréhensifs?
Si de moi il se moque, je dégaine et je griffe!
Mais c'est la stupeur... un point gris sur l'ardoise...
Le toit tombe sur nos consciences, car
les charpentes ont cramé... c'est beau!
L'incendie brûle le bureau, et le plumard...
Je suis né à nouveau dans une pluie de mots.
Un texte écrit d'un trait, relu une, deux, trois fois et déposé, dans la minute, puis corrigé sur le site.<br />
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Explication de la référence au temple de Jérusalem: <br />
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hanoucca
Poème posté le 07/04/14