Pernette DU GUILLET
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(poète)
Biographie (Cliquez ici pour la lire)
Pernette Du Guillet (1518/1520-1545)
« vertueuse, gentille et toute spirituelle Dame Lyonnoise »
« Au premier œil mon âme l'adora ». C'est par ces mots que Maurice Scève (1501-1564), le Prince de la Renaissance Lyonnaise, parle de son amour pour Pernette Du Guillet. Il a 35 ans, elle en a 16. C'est un feu caché d'un être qui « se consume intérieurement » car la Dame ( appelée aussi Cousine) reste sourde à ses demandes.
Cette « divinité inaccessible » devient, par la poésie, un être réel de chair, de beauté et de désir. « Delie, object de plus haulte vertu » ( 1544) , l'oeuvre maîtresse de Maurice Scève est la vision fantasmée de Pernette Du Guillet. Une seule certitude aujourd'hui est une réelle relation littéraire entre les deux poètes. Maurice Scève comme un maître admiré et Pernette Du Guillet comme une élève appliquée mais sachant garder ses distances.
La Dame va s'émanciper et se dégage, sans le désespérer, tout en restant son admiratrice. Elle s'amuse tendrement à le nommer « mon Jour ».
A la naissance de Pernette Du Guillet (1520) se forme la première Renaissance lyonnaise. Rabelais est médecin à l’Hôtel-Dieu. Bientôt va se développer le Cercle humaniste lyonnais (1536).
L'éclat culturel de Lyon au XVIe siècle est dû à un remarquable concours de circonstances. Ce sont les contacts nombreux avec l'Italie, le séjour de la cour dans la ville, les célèbres foires qui assurent l'essor économique et font de Lyon une des places commerciales et financières la plus grande d' occident. Ceci favorise l'éclosion d'une élite instruite et cultivée, héritière du Moyen Age. Dés 1473, Lyon est la seconde ville du royaume à posséder des presses qui vont faciliter l'essor de l'imprimerie.
« L'humanisme lyonnais » doit beaucoup à la place qu'occupe ce merveilleux instrument de diffusion.
En 1545, Jean de Vauzelles compose deux épitaphes pour deux célèbres lyonnaises : « gente et vertueuse dame Pernette du Guillet et Dame Louise Labé ».
Ces épitaphes nous renseignent sur la date de la mort de Pernette Du Guillet le 7juillet 1545 car c'est à la demande de son mari que l'imprimeur Du Moulin publie les poésies de la Dame que l'époux trouve au fond d'un tiroir. Ce sont les « Rymes de gentille et vertueuse dame D.Pernette Du Guillet lyonnoise » qui paraissent à Lyon en 1545, composés de 70 poèmes, épigrammes et chansons.
Entre 1545 et 1552, les Rymes connaissent trois éditions. Elles cessent ensuite d'être publiées jusqu'au XIXe siècle.
Ces textes confirment l'idée d'une Pernette Du Guillet cultivée et versée dans les lettres italiennes. Nous savons aussi qu'elle s'exprime merveilleusement en italien (le toscan) et note toutes les finesses des prosateurs et des poètes latins. Elle a quelques notions de grec, parle également espagnol (le castillan) et joue du luth.
Les recherches les plus récentes (Élise Rajchenbach, 2007) démontre que l’œuvre de Pernette Du Guillet opère « une mise à distance malicieuse des codes poétiques et reprend, au féminin, un discours traditionnel fondé sur les stéréotypes masculins de la poésie précieuse et pétrarquiste ».
Quelques poèmes ont paru de son vivant. Il s'agit de quatre pièces qui ont été mises en musique en 1540 et en 1541 :
- « je n'oserois le penser veritable »
- « en lieu du bien, que deux souloient pretendre »
- « chansons nouvelles à quatre parties en ung volume »
- « le corps ravy, l'ame s'en esmerveille »
Pour Albert-Marie Schmidt (1953) il serait souhaitable que son œuvre « fasse à nouveau rêver les cervelles humaines, car il compte parmi les réussites les plus rares de nos lettres féminines ».
source : Ottomar
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