Théodore Agrippa d'AUBIGNE
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(poète)
Biographie (Cliquez ici pour la lire)
Soldat, poète et militant de la cause protestante.
Il naît le 8 février 1552 au château de Saint-Maury en Saintonge (Deux Sèvres), d'un père gentilhomme et calviniste. Sa mère meurt en le mettant au monde.
Très jeune, il apprend le latin, le grec et l'hébreu. A sept ans, il traduit le Criton de Platon. Il n'a que huit ans quand son père lui montre les cadavres des huguenots exécutés lors de la Conjuration d'Amboise en 1560. Il sait alors qu'il consacrera sa vie à défendre la cause protestante.
Il poursuit ses études à Paris, puis à Genève où il se perfectionne en théologie auprès de Théodore de Bèze.
A dix-huit ans il s'engage dans les armées huguenotes. C'est la confirmation de son engagement pour défendre sa foi par les armes ou par la plume jusqu'à la fin de sa vie.
Lors d'une trêve il séjourne au château de Talcy (1571) et s'éprend de Diane Salviati. Elle lui inspire un recueil lyrique, le Printemps, recueil de sonnets, de stances et d'odes. Mais Diane est catholique et leur amour n'ira pas plus loin et nourrira son désespoir: « mais mourir c'est trop peu, je veux languir tousjours... »
Par hasard, il est absent de Paris lors des massacres de la Saint-Barthélémy mais, peu après, victime d'une agression, il revient à Talcy où Diane le soigne. C'est là, confiera t-il, que lui vient la première inspiration des Tragiques, sa grande œuvre. Nous sommes en 1572.
De retour à la cour, il mène une vie mondaine et devient écuyer d'Henri de Navarre.
En 1577, nouveaux combats, nouvelles blessures et début de l'écriture des Tragiques dont la rédaction s'étale sur quarante ans. Il épouse Suzanne de Lusignan de Lezay en 1583.
Indigné de l'abjuration d'Henri IV, il se retire à Maillezais, en Vendée, dont il est gouverneur. Il reste cependant fidèle à son roi.
Il reprend les armes sous Louis XIII mais participe, sous la régence de Marie de Médicis, à plusieurs soulèvement de la noblesse. Proscrit, il doit se réfugier à Genève où il meurt en 1630.
Les Tragiques seront édité en 1616. C'est un cri de haine, une épopée écrite en alexandrins et divisée en 7 livres : Misères – Princes - la Chambre dorée -les Feux - les Fers -Vengeance et Jugement, qui décrivent les horreurs des Guerres de religion, la corruption de la vie de cour sous Catherine de Médicis, les luttes héroïques des martyres huguenots et finalement un appel à Dieu.
Il s'agit d'une littérature de combat où s'accumulent les récits de souffrances et de vengeances. C'est aussi une réaction contre une littérature de cour, celle de Ronsard, en particulier (1524-1585), le plus prolifique des poètes de la Pléiade, dont il a, par ailleurs une grande admiration.
D'Aubigné veut redonner courage aux protestants restés fidèles mais démoralisés. Il se veut le « témoin apocalyptique de la revanche de Dieu ».
En plus des Tragiques, nous lui devons un recueil de poèmes d'amour rassemblant des sonnets et quelques pièces plus longues comme le Printemps déjà cité (1571-1573) mais qui ne sera publié qu'au XIXéme siècle, des poèmes religieux comme la Création et l'Hiver, plus personnel et méditatif.
Il fut aussi un pamphlétaire dans la Confession catholique du Sieur de Sancy et dans les Aventures du baron de Foeneste ainsi qu'un historien dans l'Histoire universelle (1618-1626).
L'ironie cruelle de l'histoire est que, sous l'influence de sa petite fille, Françoise de Maintenon, un vent de dévotion souffla à la cour de Louis XIV et favorisa la décision de la Révocation de l'Edit de Nantes par le roi.
Le goût classique et la prudence politique vaudront à d'Aubigné une longue éclipse au XVIIéme et XVIIIéme siècle.
Il reviendra à la mode au XIXéme. L'Académie française en 1848 et Sainte-Beuve en font le représentant le plus marquant de son époque. Il devient inséparable des grandes séductions inhérentes au courant romantique. « Une histoire écoutée aux portes de la légende ». Victor Hugo et Baudelaire lui doivent beaucoup.
source : Ottomar
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