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Dictionnaire / Mots au hasard
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  •  Endécasyllabe [vers]
    Définition :
    Vers de onze syllabes, hendeka signifiant onze en Grec.

    Exemple(s) :
    Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
    Je buvais, accroupi dans quelque bruyère
    Entourée de tendres bois de noisetiers,
    Par un brouillard d'après-midi tiède et vert.
    - A. Rimbaud, Larme -
  •  Sonnet [forme]
    Définition :
    (it. Sonetto).
    Pièce de poésie de quatorze vers, composée de deux quatrains et de deux tercets, et soumise à des règles fixes pour la disposition des rimes.

    Les rimes s’agencent de cette manière :
    abba abba ccd eed
    abba abba ccd ede

    Le dernier vers d’un sonnet doit produire un effet de chute.

    Exemple(s) :
    Contrairement à ce que beaucoup croient, le sonnet n’a pas de rythme défini. Une alternance entre vers courts et vers longs est tout à fait possible, et l’alexandrin n’a rien d’obligatoire. Les rimes croisées dans les premiers quatrains sont parfois considérées comme fausses par les puristes, mais rien ne l’interdit pourtant, et cela ne nuit pas à la musicalité.

    Il existe plusieurs dérivés de sonnet :

    - Le sonnet apparent : celui-ci se construit sur seulement deux rimes.

    - Le sonnet inversé : comme son nom l’indique, il est l’envers du sonnet ‘classique’, les deux tercets sont donc au début et les deux quatrains suivent.

    - Le sonnet polaire : il se compose d’un quatrain suivi de deux tercets suivi d’un quatrain.

    - Le sonnet alterné : un quatrain, un tercet, un quatrain, un tercet.

    - Le sonnet quinzain : il s’agit d’un sonnet classique suivi d’un vers seul, qui doit contenir la chute.

    - Le sonnet seizain : un vers isolé, suivi d’un sonnet classique suivi d’un autre vers isolé. Les deux isolés peuvent être les même, créant ainsi un effet de refrain.

    - Le sonnet estrambot : c’est un sonnet classique auquel on ajoute un troisième tercet.



    Après trois ans (P. Verlaine)

    Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
    Je me suis promené dans le petit jardin
    Qu'éclairait doucement le soleil du matin,
    Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

    Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle
    De vigne folle avec les chaises de rotin…
    Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin
    Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

    Les roses comme avant palpitent, comme avant
    Les grands lis orgueilleux se balancent au vent.
    Chaque alouette qui va et vient m'est connue.

    Même j'ai retrouvé debout la Velléda
    Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,
    Grêle, parmi l'odeur face du réséda.

  •  Hypotypose [figure]
    Définition :
    Figure de style par imitation qui peint les choses d’une manière si vive et si énergique, qu’elle met en quelque sorte sous les yeux , et fait d’un récit ou d’une description, une image, un tableau, ou même une scène vivante.

    Exemple(s) :
    «  La lame aigüe de l’instrument, glissant du haut en bas, avait entamé la mâchoire. Une convulsion tirait les coins de la bouche. Du sang, caillé, déjà, parsemait la barbe. Les paupières closes étaient blêmes comme des coquilles; et les candélabres alentour envoyaient des rayons. »

    Gustave Flaubert , Hériodias
  •  Métaphore [figure]
    Définition :
    Mot issu des termes grecs signifiant au-delà et portage ou transport . Il s'agit de rapprocher deux termes par leur similarité, pour autant qu'elle soit identifiable par le lecteur ou l'auditeur. Sont donc en présence deux mots dits comparé  et comparant . En résumé, on peut dire qu'elle est une comparaison sans comme. Elle peut s'effectuer de plusieurs manières : comparé  et comparant sont présents dans la phrase ; seul le comparant est présent ; elle s'étend sur plusieurs mots, ou phrases. En ce dernier cas, on parle de métaphore filée.

    Exemple(s) :
    Comparaison : ce garçon est beau comme une statue grecque.
    Métaphore in praesentia : ce garçon est une statue grecque.
    Métaphore in absentia : Il nous séduit, cette statue grecque !
    Métaphore filée : ce garçon est une statue grecque, un rivage incertain, un nuage d'oiseaux, une pluie de promesses, un azur figé dans le marbre, une œuvre enfin que nul ne sculpta.
  •  Zadjal [forme]
    Définition :
    Forme proprement andalouse de la poésie arabe. C'est une forme populaire qui, en général, après un distique introductif se compose de quatrains, eux-mêmes constitués par un tercet monorime et un quatrième vers rimant obligatoirement avec le distique introductif. D'après E. Garcia-Gomez, Ibn-Bâdjdja serait l'inventeur du zadjal à la fin du XIème siècle ou début du XIIème. Ibn-Kouzman (ou Gouzman) de Cordoue en fit de ville en ville un genre dépassant le chanteur de rues (XIIème siècle). C'est au XIVème que le zadjal passe en langue castillane. Par le contenu, notamment pour ce qui a trait au houbb al-mouroua d'Espagne, que E. Lévi-Provençal considère comme l'équivalent de l'amour courtois, les diseurs de zadjal peuvent se comparer aux troubadours, surtout si l'on dérive troubadour, non pas de trobar (trouver), mais de l'arabe tarab (joie). - d'après le Lexique au  Fou d'Elsa, de Louis Aragon.
    Le vrai zadjal d'en mourir de ce dernier, vers bien connus tels que Heureux celui qui meurt d'aimer, se rapproche de ce modèle.

    Exemple(s) :
    Tulipan, d'Oxalys

    A sa dame éplorée, au foyer se pâmant,
    Un marchand de retour de l'empire ottoman

    Rapporta, hors parfums et soieries précieuses
    Les bulbes d'une fleur aux formes gracieuses
    Provenant des contrées mongoles belliqueuses
    Vaincues par les armées du sultan Soliman.

    Un calice en forme de dôme de mosquée,
    La tige de hautes feuilles vertes flanquée
    Comme deux minarets, à peine plus arquées,
    Elle devint la fleur emblème du sultan.

    Lors on la cultiva chez les riches éparques,
    L'offrit aux visiteurs occidentaux de marque,
    Elle ressemblait tant au turban du monarque
    Qu'on lui donna le nom dialectal : tulipan.

    Du puissant sultanat elle prit son essor,
    Devint objet de culte, estimée à prix d'or,
    Devenue, de nos jours, des jardins le trésor,
    Tulipe d'Amsterdam, souvenir d'Ispahan.
  •  Assonance [figure]
    Définition :
    L'assonance est une figure de style fondée sur la répétition d'un son "voyelle" dans un ou plusieurs vers.

    Opposée à l'allitération qui est cette fois une répétition d'un son "consonne"

    Exemple(s) :
    (faire écho) répétition à la fin de deux ou plusieurs vers de la même voyelle accentuée (sombre, tondre peintre, ceintre, âme, âge).
  •  Allitération [figure]
    Définition :
    L'allitération est une figure de style fondée sur la répétition de consonnes produisant des sons identiques ou proches.

    Exemple(s) :
    Le cas le plus célèbre d'allitération se trouve chez Racine:
    "Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes"

    Rimbaud manie avec virtuosité cette technique
    dans "Chercheuses de poux " avec, comme Racine, des allitérations en "s".

    [...]
    Il écoute chanter leurs haleines craintives
    Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés,
    Et qu'interrompt parfois un sifflement, salives
    Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers.

    Il entend leurs cils noirs battant sous les silences
    Parfumés ; et leurs doigts électriques et doux
    Font crépiter parmi ses grises indolences
    Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux.

    Voilà que monte en lui le vin de la Paresse,
    Soupir d'harmonica qui pourrait délirer ;
    L'enfant se sent, selon la lenteur des caresses,
    Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer.


    Lorsque tous les mots d'une phrase ou d'un vers commencent par la même consonne, on parle de vers ou de phrase tautogramme.

  •  Calembour [jeux]
    Définition :
    Jeu de mots qui repose sur une approximation du sens et du son et défini comme une “équivoque phonétique”.

    Exemple(s) :
    Jean Cocteau en a donné divers exemples savoureux, dont celui-ci :

    Il meurt pour s’endormir sous le soleil des fièvres
    Et se réveille mort…
    Chercheuses d’or mettez votre doigt sur vos lèvres :
    Halte ! Le chercheur dort.
  •  Antithèse [figure]
    Définition :
    (Nom féminin)
    L'antithèse est une figure de style qui consiste à rapprocher des pensées, des expressions, des mots ou groupes de mots exprimant des idées opposées.

    Exemple(s) :
    "Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
    (Jean Racine in Phèdre)
  •  Acrostiche [forme]
    Définition :
    Un acrostiche est un poème dont les premières lettres de chaque vers du poème forment un nouveau mot, un message particulier...

    Exemple(s) :
    Guillaume se prend de passion pour la sœur de son ami Ferdinand Molina da Silva : LINDA.

    L’ombre de la très douce est évoquée ici
    Indolente et jouant un air dolent aussi :
    Nocturne ou lied mineur qui fait pâmer son âme
    Dans l’ombre où ses longs doigts font mourir une gamme
    Au piano qui geint comme une pauvre femme.

    (Guillaume Apollinaire, in "Il y a", Albert Messein, 1925)
  •  Anaphore [figure]
    Définition :
    (du grec ana signifiant encore et de phero pour apporter) : L'anaphore est une figure de style qui consiste en la répétition d'un même mot ou d'un même groupe de mots en tête des phrases.
    C'est une figure de style à valeur d'insistance, de symétrie. Elle sert à renforcer un propos.

    Exemple(s) :
    - "Rome ! l'unique objet de mon ressentiment !
    Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant !
    Rome qui t'as vu naître, et que ton cœur adore !
    Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore !" (Corneille)

    - "Paris brisé. Paris martyrisé. Mais Paris libéré." (De Gaulle)
  •  Zeugma [figure]
    Définition :
    Le zeugme (ou zeugma ou encore attelage) est une figure de style qui lie syntaxiquement deux ou plusieurs mots ou groupes de mots, en les subordonnant au même mot (souvent un verbe) sans que celui-ci soit répété. Cela provoque souvent un effet de surprise, lié au fait que les termes ainsi rapprochés ne se rapportent pas au verbe de la même manière.

    Exemple(s) :
    "Contre ses persiennes closes, Madame Massot tricote, enfermée dans sa chambre et dans sa surdité."
    (Roger Martin du Gard)
    Les compléments du participe "enfermée" associent un terme concret (sa chambre) à un terme abstrait (sa surdité). L'attelage produit l'effet comique recherché.

    "En une semaine, elle m'avait habillée avec goût et appris à vivre."
    (Sagan)
    Les participes passés conjugués avec avoir (en ellipse pour le second)associent des champs sémantiques différents:concret pour le premier, abstrait pour le second.
  •  Approximative [rime]
    Définition :
    Ayant pris son essor avec les poètes modernes, dès l’apparition du symbolisme, la rime approximative, dite aussi rime imparfaite, s’affranchit des règles classiques en permettant qu’on fasse rimer :
    - le singulier avec le pluriel ;
    - la terminaison masculine avec la terminaison féminine ;
    - la rime consonantique se terminant par une consonne phonique avec la rime vocalique se terminant par une voyelle phonique.

    Exemple(s) :
    1. Les deux premiers cas cohabitent dans ce quatrain :
    « Debout chantez plus haut en dansant une ronde
    Que je n’entende plus le chant du batelier
    Et mettez près de moi toutes les filles blondes
    Au regard immobile aux nattes repliées. »
    (Guillaume Apollinaire, Nuit rhénane)

    2. Dans le recueil Derniers vers :
    « Le monde est vicieux ;
    Si cela t’étonne !
    Vis et laisse au feu
    L’obscure infortune.»
    (Arthur Rimbaud, Âge d’or)

  •  Catachrèse [figure]
    Définition :
    Métaphore par laquelle un mot est employé dans un sens figuré et dont son usage est si courant qu'elle n'est plus ressentie comme telle.

    Exemple(s) :
    Tête de lit, plume d'un stylo, ailes d'un moulin, tête de pioche, poignée de porte, œil de bœuf, pied de chaise, etc.
  •  Pantoum [forme]
    Définition :
    La pantoum ou pantoun est d'origine malaise, il consistait en un quatrain unique, plutôt destiné à une intervention orale (Utilisant des analogies et un sens objectif dans le premier distique puis subjectif dans le second).

    La forme que nous connaissons aujourd'hui en Europe a été importée par Victor HUGO dans Les Orientales, il s'agissait d'un pantoun étendu (le « pantun berkait ») qui se nommait Papillons (constitué de plusieurs quatrains)

    FORME
    La forme actuelle du pantoum comporte 2 règles principales :
    - Utilisation de rimes croisées avec alternance des rimes féminines et masculines.
    - Reprise des vers 2 et 4 au quatrain suivant en lieu et place des vers 1 et 3

    Règles complémentaires
    - Alternance des distiques descriptif et subjectif
    - Le dernier et le premier vers du pantoum sont identiques (Règle du "clausule")

    Certains poètes ont pris des libertés sur certaines règles, comme Charles Baudelaire dans "Harmonie du soir".

    THEME
    - Les vers 1 et 2, de chaque quatrain, doivent exprimer une description, une idée extérieur au narrateur.
    - Les vers 3 et 4, de chaque quatrain, doivent exprimer une pensée, interne au narrateur.

    Exemple(s) :
    HARMONIE DU SOIR
    Charles BAUDELAIRE

    Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
    Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
    Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
    Valse mélancolique et langoureux vertige !

    Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
    Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
    Valse mélancolique et langoureux vertige !
    Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

    Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
    Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
    Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
    Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

    Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
    Du passé lumineux recueille tout vestige !
    Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
    Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
  •  Ennéasyllabe  [vers]
    Définition :
    Vers de neuf syllabes, ennea signifiant neuf en Grec.

    Exemple(s) :
    De la musique avant toute chose,
    Et pour cela préfère l'Impair
    Plus vague et plus soluble dans l'air,
    Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

    Art poétique – Paul Verlaine
  •  Chanson (de geste) [forme]
    Définition :
    Les "chansons de geste" constituent les premiers poèmes de notre littérature (à partir du XIe siècle). Ici le mot geste est féminin et désigne un ensemble de poèmes épiques.

    Ces poèmes sont écrits le plus souvent en décasyllabes, parfois en octosyllabes. Mais on en trouve déjà en alexandrins.
    Les vers sont regroupés en strophes assonancées, appelées à l'époque des "laisses".
    Le nombre de vers d'une laisse n'est pas fixe, aucune longueur n'est imposée.
    "La Chanson de Roland" présentait 4000 vers.
    Chaque épopée a un point de départ historique, mais l’œuvre poétique est largement postérieure aux évènements : les héros des poèmes ont vécu entre le VIIIe et le Xe siècle ; les chansons de gestes ont été écrites au XIe, XIIe et XIIIe siècles. C'est à cette époque que les chansons de gestes furent chantées de château en château par des musiciens : mi-chantant, mi-déclamant, suscitant l'admiration des seigneurs de l'époque.
    Il faut admettre que seul l'intérêt pour nous de ces chansons de geste est historique. La langue, les mœurs, les coutumes de ces textes nous sont trop étrangers.

    Exemple(s) :
    La Chanson de Roland (fin du XIe -début du XIIe siècle) raconte le retour d'Espagne de l'armée française, l'embuscade tendue à Roland le 15 août 778, son amitié avec Olivier, sa mort glorieuse vengée par Charlemagne.

    Extrait :
    CARLES li reis, nostre emperere magnes,
    Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne :
    Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne.
    N’i ad castel ki devant lui remaigne ;
    5Mur ne citet n’i est remés a fraindre,
    Fors Sarraguce, ki est en une muntaigne.
    Li reis Marsilie la tient, ki Deu nen aimet.
    Mahumet sert e Apollin recleimet :
    Nes poet guarder que mals ne l’i ateignet. […]


    Traduction :
    LE roi Charles, notre empereur, le Grand,
    Sept ans tout pleins est resté dans l’Espagne :
    jusqu’à la mer il a conquis la terre hautaine.
    Plus un château qui devant lui résiste,
    plus une muraille à forcer, plus une cité,
    hormis Saragosse, qui est dans une montagne.
    Le roi Marsile la tient, qui n’aime pas Dieu.
    C’est Mahomet qu’il sert, Apollin qu’il prie.
    Il ne peut pas s’en garder : le malheur l’atteindra. […]


  •  Concaténation [figure]
    Définition :
    Le terme concaténation est issu du latin cum (avec) et catena (chaîne), il désigne l'action de mettre bout à bout deux chaînes.

    La concaténation est une opération sur les mots, mais peut être étendue aux langages.
    C'est aussi une pratique discursive d'un certain nombre d'auteurs qui consiste à fabriquer une sorte de néologisme en regroupant trois ou quatre mots et en les séparant par des tirets.
    Exemple : être-auprès-des-choses...

    Pour terminer, c'est aussi une figure de style : en littérature, une concaténation désigne la disposition dans un même texte de plusieurs anadiploses* successives, à la manière des maillons d'une chaîne.

    * Figure de pensée par laquelle on reprend le dernier mot d'un vers (ou d'une phrase, ou d'un membre de phrase) au début du vers (ou de la phrase, ou du membre de phrase) qui suit.

    Exemple(s) :
    La plus célèbre des concaténations en littérature est celle que fait Sganarelle, le valet de Dom Juan, dans la pièce de Molière :

    " Sachez, Monsieur, que tant va la cruche à l'eau, qu'enfin elle se brise; et comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l'homme est en ce monde ainsi que l'oiseau sur la branche; la branche est attachée à l'arbre; qui s'attache à l'arbre, suit de bons préceptes; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles; les belles paroles se trouvent à la cour; à la cour sont les courtisans; les courtisans suivent la mode; la mode vient de la fantaisie; la fantaisie est une faculté de l'âme; l'âme est ce qui nous donne la vie; la vie finit par la mort; la mort nous fait penser au Ciel; le ciel est au-dessus de la terre; la terre n'est point la mer; la mer est sujette aux orages; les orages tourmentent les vaisseaux; les vaisseaux ont besoin d'un bon pilote; un bon pilote a de la prudence; la prudence n'est point dans les jeunes gens; les jeunes gens doivent obéissance aux vieux; les vieux aiment les richesses; les richesses font les riches; les riches ne sont pas pauvres; les pauvres ont de la nécessité; nécessité n'a point de loi; qui n'a point de loi vit en bête brute; et, par conséquent, vous serez damné à tous les diables. " (Acte V, Scène 2)
  •  Cheville [divers]
    Définition :
    du latin "clavicula" petite clé.
    Défini un ou plusieurs mots inutiles pour ajuster le nombre de syllabes d'un vers en prosodie classique

    Exemple(s) :
    Ainsi, dans les Femmes savantes, quand Molière écrit :

    Et les soins où je vois tant de femmes sensibles
    Me paraissent aux yeux des pauvretés horribles..

    Il est difficile de justifier "aux yeux"
  •  Antistrophe [strophe]
    Définition :
    À l’origine, dans la poésie chorale lyrique de la Grèce antique, formée de couplets, l’antistrophe était la seconde stance identique, quant au nombre de vers, à leur mesure et à la combinaison des rimes, à la première, nommée strophe.
    Dans les épinicies ou odes triomphales pindariques, par exemple, on observe des triades comprenant, en plus de la strophe et de l’antistrophe, une épode dont la structure est différente des deux stances antérieures.

    Exemple(s) :
    Odes
    (Première triade à la manière de l’ode héroïque, triomphale ou pindarique)

    STROPHE PREMIÈRE
    (13 vers selon la structure 8m/12f/8m/8f/12m’/12m’/12f’/8f’/12m’’/8f’’/12f’’/12m’’/8f’’)

    « O mon esprit ! au sein des cieux,
    Loin de tes noirs chagrins, une ardente allégresse
    [...] »

    ANTISTROPHE PREMIÈRE
    (13 vers avec la même structure en mètres que la strophe mais avec des rimes différentes respectant la même alternance)

    « Tu crois, d’un éternel flambeau
    Éclairant les forfaits d’une horde ennemie,
    [...] »

    ÉPODE PREMIÈRE
    (9 vers selon la structure 8m’’’/12f’’’/8m’’’/12f’’’/8f’’’/12m’’’’/12f’’’’/8f’’’’/12m’’’’)

    « Vain espoir ! inutile soin !
    Ramper est des humains l’ambition commune ;
    [...] »

    André Chénier

  •  Prétérition [figure]
    Définition :
    La prétérition et un procédé qui consiste à dire qu'on ne va pas parler de ce dont précisément on est en train de parler.

    Exemple(s) :
    "Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris,
    Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris,
    Le fils assassiné sur le corps de son père,
    Le frère avec la sœur, la fille avec la mère,
    Les époux expirant sous leurs toits embrasés,
    Les enfants au berceau sur la pierre écrasés :
    Des fureurs des humains c’est ce qu’on doit attendre." (VOLTAIRE, La Henriade, II)

    Ici, Voltaire feint d'occulter une description qu'il entame cependant.
  •  Contrerime [figure]
    Définition :
    Quatrain hétérométrique aux rimes embrassées et aux mètres croisés.

    (Plus simplement, cela correspond à quatre vers dont les rimes sont de type ABBA, et qui peuvent être 8-6-8-6)

    Définie par Paul-Jean Toulet cette figure de style est censée apporter une sensation de déséquilibre.

    Exemple(s) :
    L’immortelle, et l’œillet de mer
        Qui pousse dans le sable,
    La pervenche trop périssable,
        Ou ce fenouil amer
     
    Qui craquait sous la dent des chèvres,
        Ne vous en souvient-il,
    Ni de la brise au sel subtil
        Qui nous brûlait aux lèvres ?
  •  Audengière [forme]
    Définition :
    De la forme d’une chanson de geste, l’audengière est un poème parodique du XIIIe siècle, en laisses douzaines (nom, au Moyen-Âge, d’une suite de strophes, au nombre non défini, de douze alexandrins monorimes), contant les aventures ridicules d’Audengier ou Audigier, chevalier de l’acabit de Don Quichotte, cette œuvre, au vocabulaire ordurier, qualifiée tantôt d’épopée scatologique tantôt de poème héroï-comique.

    Exemple(s) :
    « Au temps que li frileux Audengier se vivoit,
    fu yver ou esté, tousjours tronchoit de froit
    et entre ses gambes un viés terin portoit,
    Raimbergue le sievoit, de charbon l’emplissoit :
    tant n’en pouoit bou[te]r ne tant n’en alumoit
    qu’il ne l’estaindesist pour qe qu’il lui cheoit
    roupies par son nés ; son menton s’em peloit
    et robes et drapeux trestous en pourrissoit.
    On en veoit le flos par tout ou il passoit.
    A ces arbalestrie[r]s bel exemple moustroit
    de traire aux roupies. Qui de ce ne m’en croit,
    sy le voit demander ou pays ou c’estoit. »

    (Dans « Audigier et la chanson de geste, avec une édition nouvelle du poème » de Omer Jodogne).
  •  Comparaison [figure]
    Définition :
    La comparaison est une figure de style qui établit une analogie entre deux termes (le comparé et le comparant), par l’intermédiaire d'un "mot-outil" (L’outil de comparaison). Le plus souvent "comme" est cette charnière entre deux réalités comparées, mais on peut également utiliser : tel, pareil à, similaire à, semblable, de même que, plus que, ainsi que, moins que…
    La comparaison a plusieurs but : mettre en relation deux univers et expliquer par l’image.

    Exemple(s) :
    Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
    (Baudelaire - Harmonie du soir)

    Au milieu de ce fracas, rien n'était aussi alarmant qu'un certain murmure sourd, pareil à celui d'un vase qui se remplit.
    (Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe)

    Comme un qui erre aux champs, lors que la nuict au monde
    (Étienne Jodelle - Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde)
  •  Hiatus [divers]
    Définition :
    Juxtaposition de 2 voyelles prononcées.
    Il peut être interne (dans le mot) comme dans poète ou externe comme dans "À Ostende".

    Exemple(s) :
    Il y a des poètes à Oslo
  •  Slam [divers]
    Définition :
    Nom masculin
    (de l'anglais to slam, claquer)

    Poésie orale, urbaine, déclamée dans un lieu public, sur un rythme scandé.

    Exemple(s) :
    "Saint-Denis" parolier Fabien Marsaud
    Extrait de la chanson de Grand Corps Malade

    J'voudrais faire un slam pour une grande dame que j'connais depuis tout petit
    J'voudrais faire un slam pour celle qui voit ma vieille canne du lundi au samedi
    J'voudrais faire un slam pour une vieille femme dans laquelle j'ai grandi
    J'voudrais faire un slam pour cette banlieue nord de Paname qu'on appelle Saint-Denis....
  •  Rimes féminines [rime]
    Définition :
    Rimes se terminant par un e

    Exemple(s) :
    Hêtre/fenêtre

    muse/abuse
  •  Allégorie [figure]
    Définition :
    L’allégorie est une figure de style qui consiste à concrétiser une notion abstraite par une sorte de discours détaillée de l’idée sous un sens littéral, par l’utilisation d’une métaphore continue, d’une personnification (un sens figuré).

    Exemple(s) :
    Voici une allégorie célèbre de la mort.
    "Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
    Elle allait à grands pas, moissonnant et fauchant,
    Noir squelette, laissant passer le crépuscule
    "
    (Victor Hugo - Mors)
  •  Terza rima [forme]
    Définition :
    Poème d'origine italienne composé de tercets dont le premier et le troisième vers riment ensemble, le second fournissant les rimes extrêmes du tercet suivant.

    a/b/a b/c/b c/d/c ……

    Il se clot sur un monostique rimant avec le vers 2 du dernier tercet.

    Exemple(s) :
    Aumône
    Par Stéphane Mallarmé

    Prends ce sac, Mendiant ! tu ne le cajolas
    Sénile nourrisson d’une tétine avare
    Afin de pièce à pièce en égoutter ton glas.

    Tire du métal cher quelque péché bizarre
    Et, vaste comme nous, les poings pleins, le baisons
    Souffles-y qu’il se torde ! une ardente fanfare.

    Eglise avec l’encens que toutes ces maisons
    Sur les murs quand berceur d’une bleue éclaircie
    Le tabac sans parler roule les oraisons,

    Et l’opium puissant brise la pharmacie !
    Robes et peau, veux-tu lacérer le satin
    Et boire en la salive heureuse l’inertie,

    Par les cafés princiers attendre le matin ?
    Les plafonds enrichis de nymphes et de voiles,
    On jette, au mendiant de la vitre, un festin.

    Et quand tu sors, vieux dieu, grelottant sous tes toiles
    D’emballage, l’aurore est un lac de vin d’or
    Et tu jures avoir au gosier les étoiles !

    Faute de supputer l’éclat de ton trésor,
    Tu peux du moins t’orner d’une plume, à complies
    Servir un cierge au saint en qui tu crois encor.

    Ne t’imagine pas que je dis des folies.
    La terre s’ouvre vieille à qui crève la faim.
    Je hais une autre aumône et veux que tu m’oublies

    Et surtout ne va pas, frère, acheter du pain.


  •  Diérèse [vers]
    Définition :
    La diérèse consiste à prononcer deux sons vocaliques (voyelles) en contact en deux syllabes n’en formant habituellement qu’une seule.

    Exemple(s) :
    Li/on
    Vi/o/lon
    Di/é/rèse
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