Le mérite en revient au départ à Alfred de Musset... et la glose mérite bien quelques lettres de noblesse dans la hiérarchie poétique !
Merci Mady

Magnifique, Solem !
Oxalys nous avait introduits avec tellement de talent à la glose que je n’ai jamais osé m’y lancer !
Et après la lecture de la tienne je me sens encore plus humble !

Glosons cher Ami, sur la feuille d'automne

L’automne s’en arrive et je sens quelque peine
S’il fallait, maintenant, parler de ma souffrance
Mon ciel serait formé d’une voûte trop pleine.

Or voulant la nommer, si fait de tolérance,
Je ne sais trop quel nom elle devrait porter
Tant mon heur est souillé par tant de doléance.

Et pourtant, dans ce coin, il me faut rapporter
Si c'est amour, folie, orgueil, expérience,
Et dois te renseigner surtout sans m’emporter.

Je ne sais si la foule accepte l’obédience
Ni si personne au monde en pourrait profiter.
Alors pour te tenir en plus sereine audience

Dans le chaud de mon âtre où je vais t’inviter
Je veux bien toutefois t'en raconter l'histoire,
Car à trop retenir je ne sais qu’hésiter.

Maintenant tu souris, moi je hurle victoire
Puisque nous voilà seuls, assis près du foyer
A soigner grâce aux mots cette peine notoire.

Ton talent ne requiert qu’oreille à déployer ;
Prends cette lyre, approche, et laisse ma mémoire
Exprimer que son spleen est millet à broyer.

Mon cœur saura dès lors, sans fouiller son grimoire,
Au son de tes accords doucement s'éveiller
Puis renaître soudain dans cet humble prétoire.

Lors le site en émoi saura s'émerveiller !

Le vers centraux sont d'Alfred Musset



Ce message a été édité - le 03-04-2019 à 11:56 par Tonindulot

Un joli exercice mené d'une main qui ne tremble pas. Jolie justesse...

ce forum est une vraie malle aux trésors merci!

@Marcek, oui nous avons ici des spécialistes....
@Tonin,
En creusant, il arrive de trouver quelques pépites, et celle-ci est tellement ciselée qu'on pourrait croire que c'est facile !
Mais je connais déjà ce talent de jongleur.
La Nuit d'Octobre pourrait bien nous révéler encore quelques secrets...
C'est Super, merci



Ce message a été édité - le 03-04-2019 à 18:05 par Solem

@Mohe,
Merci, et je suis ravi que vous y trouviez du plaisir, en plus de celui que vous apportez...
( et cette ponctuation est ma préférée... !)

Sonnet-glose sur un quatrain de Jehan Rictus

Merd’ v’là l’ Printemps ! Ah ! salop’rie,
ce con d’coucou vient d’se r’pointer
et n’arrêt’ pas de coucouter
dans les bosquets et les prairies.

Et les ceuss’s qui n’sont pas d’ce bois
dont les gourdiflots font les flûtes
ne pens’nt qu’à jouer d’la turlute.
V’là l’ monde enquier qu’est aux z’abois 

Et v’là t’y pas c’te putain d’ Vie
qui n’m’a jamais laissé peinard
m’dit qu’pour mézigu’ c’est un peu tard.

A m’fait chier, j’ai encore envie
et j’veux que mon filet d’anchois
qu’a r’biffe au truc encore eun’ fois ! 

@Obofix,
C'est du Celte ?

Quelle bonne idée, Solem, de nous inviter à gloser sans modération !

Une glose sortie d'un fond de tiroir oxalien, en attendant de mettre à une inédite la dernière main :

A l’église

J’entrai dans ce lieu saint pour chercher un abri
Contre le mauvais temps, quand soudain je la vis,
Elle était à genoux et montrait son derrière.

Son aura de madone aussitôt m’éblouit,
J’admirai le profil de son buste infléchi
Dans le recueillement profond de la prière.

Le tendre appât niché dans le blanc des dentelles
Semblait auréolé par le feu des chandelles.
Pour le mieux contempler j'approchai de son banc.

Ô corps d’Ève voilé de nimbes éternelles,
Maligne raison des foudres originelles,
Sous la jupe levée il me sembla si blanc !

J’étais si tourmenté par la tentation,
Terrassé par l’envie de visitation,
Que dans le temple vide où nulle ombre importune

Ne ferait obstacle à mon adoration,
Pas un seul juge pour crier damnation
N'apparaissait au loin par le bleu clair de lune,

Il semblait que, paré de la grâce divine,
J’avais droit d’assiéger la belle pèlerine.
Sans troubler sa ferveur je me fis son amant.

Loin de s’en offusquer, elle se fit câline
Se penchant un peu plus, mais sans changer de mine
Elle priait toujours. Je perçus vaguement

Ses encouragements à pousser au-delà.
J’entendis même au cours du charnel pugilat
Qu'elle bénissait Dieu dans le doux crépuscule.

Sa voix, après les faits, un instant hésita
Entre un confiteor et un alléluia
Et je n'ai pas trouvé cela si ridicule.

Glose d’après le poème éponyme de Germain Nouveau
Lien internet




Ce message a été édité - le 03-04-2019 à 18:24 par Oxalys

Oxalys, ta glose est à ce point réussie qu'on peut aisément la croire composée par Germain Nouveau himself.
Merci Solem d'avoir ouvert ce topic qui nous en promet de belles.

Je suis fidèle à la chaleur,
au remue ménage de tes lèvres qui viennent tout défaire et créer à nouveau
à nos hanches nouées et aux paumes qui suturent
ma bouche de délices interdits des poings des fractures et pas un bruit
entre tes bras mon silence

n’a pas d’autre raison

Glose (si j'ai bien compris le principe) à partir d'un poème de Eugenio de Andrade, recueil Matière Solaire

@Oxalys,
ce Germain a gagné son paris saint... quelle audace, et la prière est donc un excellent moyen d'avoir la visite au Saint Esprit !
Magnifique, je vais brûler un cierge..

@Obofix, je partage l'appréciation, et le régime des kilogloses...

@Mohe,
Même par mon écriture parfois oulipienne, je ne suis pas expert des règles en la matière !
Alors, avec beaucoup de patience et de concentration : Lien internet
Je suis allé lire la biographie de José Fontinhas Lien internet
Sans l'avoir étudié, je me sens proche de sa sensibilité et son humanisme !
Merci de nous avoir partagé ces quelques mots, à déguster...
Bonne soirée

J'aime tant m'amuser ou M'enmusset?

Je suis seule et recluse en mon triste couvent
Où le vent qui s’amuse est toujours éprouvant.
*Poète, prends ton luth puis me donne un baiser !

Parle moi du printemps, d’un chant aux rimes riches
D’un discours sur le temps ! Puis vois que dans les friches
*La fleur de l'églantier sent ses bourgeons éclore !

Le merle qui sautille en quête de vermine
Fait des bonds et titille un long vers qui jardine.
*Le printemps naît ce soir ; les vents vont s'embraser.

Parle moi des amours de ce gai rossignol
Dont la voix de velours émeut le campagnol
*Et la bergeronnette, en attendant l'aurore.

La mésange aux cardons picore quelques graines
Puis repose aux chardons ses ailes souveraines,
*Aux premiers buissons verts commence à se poser.

Je suis seule et recluse attendant ta venue
Demeurant fort percluse en cette humble tenue.
*Poète, prends ton luth puis me donne un baiser !