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Posté à 10h03 le 19 Jan 20
JEANNE INSOUCIANTE
« Glose » sur un poème de Victor HUGO.
Tout lui sourit et peu lui chaut de l’embarras,
Tant que la vie sans ses soucis, bénie, l’honore.
Elle fait fi de tout tracas : bon débarras !
Jeanne parle, elle dit des choses qu’elle ignore.
Elle prend tout avec grande légèreté,
Ne se préoccupant que de ce qu’elle adore,
Et parfois agissant avec naïveté,
Elle envoie à la mer qui gronde, au bois sonore
L’interlocution menant à la contrainte.
Ne désirant être la proie de tout tourment,
Jeanne, habile, expédie, et pour chasser la crainte,
À la nuée, aux fleurs, aux nids, au firmament
Chaque petit problème et se sent soulagée.
Marchant parmi les fleurs, bien inconsciemment,
Elle fredonne un air de quiétude gorgée
À l’immense nature : un doux gazouillement.
Et le chant des oiseaux accompagne ses pas,
Tandis que dans l’éther la lune, enfin, se lève,
Quand semble chuchoter à la ronde, ici-bas,
Tout un discours, profond peut-être, qu’elle achève.
Sans souci et bohème, elle prend tout son temps ;
Se grise pour un rien et aux journées prélève
Ce qu’offre le meilleur pour qu’il dure longtemps,
Par un sourire où flotte une âme, où tremble un rêve.
Jamais désemparée, jamais le vague à l’âme,
Elle aime parcourir, le regard éveillé,
Ce sentier solitaire où son esprit se pâme :
Murmure indistinct, vague, obscur, confus brouillé
Qui la guide et l’escorte au jour qui s’amenuise
Et dont elle désire au babil détaillé,
S’entretenir sans fin et sans qu’elle s’épuise…
Dieu le bon vieux grand père, écoute émerveillé.
ANDRÉ
Victor HUGO
JEANNE FAIT SON ENTRÉE (Poème original)
Jeanne parle ; elle dit des choses qu'elle ignore ;
Elle envoie à la mer qui gronde, au bois sonore,
A la nuée, aux fleurs, aux nids, au firmament,
A l'immense nature un doux gazouillement,
Tout un discours, profond peut-être, qu'elle achève
Par un sourire où flotte une âme, où tremble un rêve,
Murmure indistinct, vague, obscur, confus, brouillé.
Dieu, le bon vieux grand-père, écoute émerveillé.
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Posté à 12h36 le 21 Jan 20
Bonjour OXALYS,
Tu sais, en te lisant, cela me conforte dans le sens que nous sommes tous curieux par nature à titiller les mots et les formes les plus tarabiscotées, parce que nous adorons jouer avec les tournures et les procédés offerts par notre si belle langue.
Comme tu as pu le remarquer, même dans ces exercices, je respecte scrupuleusement la versification classique, toujours exigeant avec les canons de la prosodie traditionnelle. Je fais autant attention d'observer les césures franches à l'hémistiche que les diérèses et les synérèses ainsi que la métrique.
La glose ne date pas d'hier et est considérée à part entière comme de la poésie d'expression classique. Elle est apparue au XIIème siècle.
Théodore de BANVILLE,dans son "Petit traité de Poésie française", écrivait à son sujet (je cite) : "La glose est un poème dans lequel un autre poème connu et même célèbre est paraphrasé ou parodié en strophes de quatre vers". [...]
Jean François SARAZIN, en 1648, pour ne citer que lui, a écrit une glose sur le poème "JOB", d'Isaac de BENSERADE. C'est donc bien de la poésie classique, même si elle se situe en dehors des poèmes conventionnels traitant des sujets habituels comme la poésie amoureuse, la Nature ou la poésie didactique.
Aborder tous les genres est aussi une manière de ne jamais se retrouver en panne d'inspiration lorsqu'on approche de l'épuisement d'un sujet. On aura toujours quelque chose à écrire, tout en restant fidèle aux formes solennelles de notre Art.
UN GRAND MERCI, OXALYS, pour tes commentaires constructifs et éclairés, car je sais que tu es capable d'aborder, toi aussi, tous les genres, en restant dans le registre du classique.
BISOUS marseillais.
CARPE DIEM
ANDRÉ
Ce message a été édité - le 21-01-2020 à 12:37 par Laugierandre
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