Dan
Membre
Messages : 3
|
Posté à 11h23 le 06 Jul 19
Sponges
Comme le désert est aride
et que les sables s’érodent encore
Qu’un vent influent décide
de couvrir les cités d’or
Balayant ondes magnétiques
dans un tourbillon improbable
avec des cerveaux sympathiques
comme des nuages de bubble gum
Sur la dune je m’assèche
Le soleil y est plus fort
Je suis rêche, je suis ta mèche
Je m’embrase,je fais le mort
Une caravane passe
et me trouve la gisant perplexe
alors ils me ramassent
que leur dialecte est complexe
Je les aide a faire leur vaisselle
a détacher leur vêtements
Pour que leur vie soit plus belle
et la mienne pour autant
Je me gonfle de cours d’eau
Je reprends du poil de la bête
Je m’imbibe, je me fais plus gros
Je me fait pousser la crête.
Je passe de longs voyages
dans le sac du chamelier
au milieu d’objets sans age
sans pouvoir les écouter.
Il ne me tarde que,
Chaque soir venu après le repas
je plonge enfin heureux
dans une rivière avec fracas.
Et quand je retourne dans le sac
je me concentre pendant que ça dort
pour que chaque goutte, chaque
particule ne s’évapore.
Des mois passent, c’est la routine
Je sèche, je gonfle ,j’aspire en boucle.
Je lave, je polis , j’élimine,
je file la main , j’astique des souks.
Un jour l’air paraît moins sec
comme si le vent était livré à lui même.
Et quand le mec me sort du sac,
je la vois portant des trirèmes.
La mer est là, ailée d’aisance.
Son bleu pacifique me pique.
A l’intérieur au fond je danse
mais dehors je reste pudique.
Au moment de la vaisselle,
la caravane danse derrière moi.
Ici, l’ambiance est si mortelle
que l’on m’oublie au creux des vagues.
Discrètement, dans le feutré,
une vaguelette m’emporte.
Puis une plus grosse vient juste après
et les remous m’ouvrent la porte.
Après le coucher du soleil,
je fait la planche sous les étoiles.
Je me drogue d’éternel,
je me remplis sous le voile.
Et devenant plus lourd que ma masse,
je m’enfonce dans mon élémentaire,
pendant que le tour du ciel s’efface,
s’engage une chute dans l’atmosphère.
Je croise des orques et des narvals,
des poissons clowns, des poissons chats,
un ballet de baleines pas banal
m’accueille comme si j’étais un roi.
Des limandes lumineuses
éclairent un chemin tout tracé.
La musique y est silencieuse
si pieuse et sans arrêt.
Et moi qui suis si sans arête,
au bout de la course je touche le fond
En contre-plongée je vois la fête
battre son plein y’a du gros son
Gisant au sol je me relève
et puis regarde au alentours,
a perte de vue ici s’achève
le chemin et pour toujours,
J’ai enfin retrouvé les miens
le peuple qui absorbe
Les éponges des fonds marins,
Ainsi s’insèrent les sincères.
Ce message a été édité - le 14-07-2019 à 07:13 par Dan
|
|
Posté à 10h21 le 09 Jul 19
L'autobiographie d'une éponge, une idée originale !
C'est vrai que depuis l'avènement du tout synthétique, on a presque oublié qu'il s'agit, à l'origine, d'un animal...
Superbe prosopopée !
|
|
Posté à 06h35 le 14 Jul 19
très original intéressant
va voir la prosopopée de Fabricius sur textes longs
nom féminin
DIDACTIQUE
Figure de rhétorique par laquelle on fait parler et agir une personne que l'on évoque (absent, défunt, animal ou chose personnifiée).
synonymes : évocation
Ce message a été édité - le 14-07-2019 à 06:57 par Violette
Ce message a été édité - le 14-07-2019 à 07:09 par Violette
|
|
Posté à 11h36 le 14 Jul 19
Un petit truc pour retenir ce mot grandiloquent désignant un style qu'on utilise à tout bout de champ :
penser à une prose aux poupées
la poupée étant, par excellence, un objet inanimé doté de traits humains !
Bon dimanche Dan
|