Salus
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Posté à 20h24 le 14 Sep 19
Vorge
A - Rimbaud :
« Telle la prairie
A l’oubli livrée
Grandie et fleurie
D’encens et d’ivraie »
Tout un souffle qui se perd…
Où gît l’univers d’enfance ?
Fini, l’ange ! A ce désert
Tout est noir et tout est rance ;
La vie entière d’errance,
Rien ne sied et rien ne sert !
Il fuit loin cet astre bistre,
Dans le ciel outrepassé.
Il y sonne encor le sistre
D’un écho qui s’est cassé ;
Mon cerveau tout encrassé,
Adulte, est devenu cuistre !
C’était grand ! - J’étais petit -
Immense était la journée !
Sans borne à mon appétit,
La vie à peine était née ;
Chaque faim durait l’année !
L’attente, en tout, abêtit…
Déjà l’âge ! Et « je » c’est l’île…
Tout va plus vite, et moi, vieux !
Le temps vire et fonce et file,
L’amour, désormais sans yeux,
Cupidon las, soucieux
De n’élire aucune fille
Baisse obstinément le nez !
- Tout ce qui brillait, c’est terne,
Et mes rêves malmenés
Au profond d’une citerne
Embrassent l’Hydre de Lerne
Tels de faux espoirs mort-nés !
Au baiser létal des têtes,
Tout s’entredévore alors
En d’épouvantables fêtes !
… Au marché des mauvais sorts,
L’étal des amours sans corps
Se veut vide : pas d’emplettes !
Autrefois, j’étais faraud,
Perché haut sur le grand phare
Du futur ! Criant « haro » !
Vers la vie où je m’effare,
Aujourd’hui qu’il m’en sépare,
Belle ivraie, à ton grain chaud !
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Posté à 10h34 le 16 Sep 19
A lire avec attention et émotion ces moult lignes qui nous parlent en poète vraiment sage, de notre enfance, de la vie en évoquant de classiques images ! J'aime et applaudis , vote aussi :)
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