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Auteurs Messages

Ancienmembre
Membre
Messages : 395


Posté à 19h42 le 12 Aug 20

Grand merci à vous, Catherine et Eric, pour ces mots qui m'auront plus que touchée.
Dès que j'aurai rattrapé mon retard de lecture, je reviendrai fleurir ce morceau de jardin expressif qui m'est cher et que vous avez aimablement conservé. Bien à vous.
Au plaisir...


Ancienmembre
Membre
Messages : 395


Posté à 22h03 le 15 Aug 20

Bonsoir tout le monde !

Il faut que je vous dise.
Récemment quelqu’un m’a fait savoir que, pour bien écrire, mieux valait savoir compter.
Mais compter quoi ?
Ses pieds, m’a-t’on répondu.
Oh, ben, pour moi le compte fut vite fait, vu que je n’en ai que deux.
Ceci dit, je me suis, du coup, intéressée aux nombres et autres chiffres tout autant qu’aux expressions y afférant.
Le premier qui m’est venu à l’esprit fut le 36.
Comme le Quai des Orfèvres ?
Ah non, ce est pas le bon film.
Surtout depuis que la PJ a changé d’adresse.
Je m’égare, je m’égare.
Revenons donc aux 36 en autres pointures.
Comme qui dirait le trente sixième dessous où l’on est parfois, les trente-six chandelles à voir ou le trente-six du mois qui ne sait jamais le jour.

Le trente-sixième dessous
(qui peut se dire, aussi, le troisième dessous).

Autrement dit : "Être dans une situation critique", "Essuyer un échec cuisant", voire "Tomber dans la misère, dans une extrême détresse".

Cette locution, datant du 19è siècle, est issue du vocabulaire du théâtre ; les dessous signifiant les niveaux inférieurs de la scène où sont les accessoires et où s’affairent les machinistes.

À l'Opéra de Paris, il y avait trois dessous. Et lorsque la pièce était mauvaise au point d’être sifflée, les acteurs cherchaient à se cacher au plus loin, au plus bas. Ainsi dit-on que, lorsque mauvaise, la représentation était tombée dans le troisième dessous.

Par suite, l'expression a désigné toutes sortes d'échecs avant de s'appliquer aussi aux personnes qui tombent très bas, dans une misère noire ou dans une grande détresse psychologique.

Par effet d'exagération, le troisième dessous est devenu le quatorzième jusqu’à faire, d'un cran arrière, bond au trente-sixième ; le seul usité de nos jours.

Enfin, il semblerait que, toujours en corrélation avec le monde du théâtre, le "troisième dessous" désigne également le niveau le plus profond, le plus secret des pensées de quelqu'un .

Ceci écrit, il serait bien sympa que vous qui lisez veniez mettre ici, de quelque mots, votre grain de sel… histoire d’apporter de l’eau à ce moulin de paroles en partage… qui, faute de cela, pourrait bien se tarir.

Merci.

Bien à vous tous.
Au plaisir…


Tigrou
Membre
Messages : 607


Posté à 22h32 le 15 Aug 20

Ayant dans un commentaire récent évoqué le plongeon du 7ème ciel au ...36ème dessous, je me dois d'en préciser l'origine :

On se trouve au septième ciel lorsqu'on est au comble du bonheur. La formule s'utilise aussi pour décrire le plus haut point du plaisir sexuel.

Le ciel est le seul lieu que l'Homme n'a pas encore totalement exploré et compris. D'où vient-il? De quoi est-il fait? Qu'y a-t-il «au bout» du ciel? Depuis toujours, les humains sont fascinés par cette toile bleu marine constellée qui s'exhibe au-dessus de leur tête. Et depuis l'Antiquité, ils tentent de l'expliquer. C'est à cette période qu'est née cette locution exprimant la félicité.

À l'époque, n'en déplaise au pauvre Galilée, on pensait que la Terre était à l'univers ce qu'est une reine à son royaume. En clair, on imaginait que tous les objets stellaires tournaient autour de notre planète. Ces objets, pensait-on, étaient englobés dans des sphères transparentes, car ils présentaient chacun des mouvements et trajectoires singuliers. Chaque sphère correspondait à un ciel distinct. Il y avait le ciel de la Lune, puis celui de Mercure, de Vénus, du Soleil, de Mars, de Jupiter et de Saturne!

Dieu, le maître de l'univers, trônait quant à lui dans une sphère surplombant toutes les autres et portant les étoiles, nommée le firmament. À cette époque, lorsqu'on était dans un état de bonheur total, on disait «être ravi au ciel» ou bien «être au troisième ciel». Car c'est dans ce dernier que se trouvait Vénus, la déesse de l'Amour. Être ravi au ciel signifiait donc au sens propre être arraché du sol et emmené vers les cieux!

Chaque ciel représentait un degré de plaisir. Au fur et à mesure, le bonheur s'est élevé encore plus haut, pour se nicher dans le ciel de Saturne. L'expression «être au septième ciel» était née. De l'autre côté de l'Atlantique, les Québécois disent quant à eux «être aux oiseaux».

Finalement, qu'importe le lieu, s'élever au septième ciel ou au milieu des oiseaux est toujours un ravissement exquis.

(in site du Figaro ...qui n'est pas ma lecture habituelle !!)


Mahea
Membre
Messages : 905


Posté à 23h36 le 15 Aug 20

Je vous lis depuis...Et souhaitais vous le faire savoir, car le plaisir est total de parcourir
vos "phonations" ultrasoniques et drôles. Plaisir de ton retour, Brune.


Mahea
Membre
Messages : 905


Posté à 15h19 le 16 Aug 20

J'ose et je me lance (enfin pas trop fort, c'est que le ciel est bas aujourd'hui)

« Du bout des lèvres », je vous assure qu'en faisant « la fine bouche », je pensais bien souvent que la vérité sortait de la bouche (petite) des enfants, la spontanéité ayant valeur fugace ; je me contente donc ici d'une bouche en « cul de poule » pour susurrer quelques divagations.

Commençons par le « bout » du XVème siècle ; qui joua un rôle dans la parole, percutant celle-ci d'un souffle antonyme à l'aérodynamisme avec un excès de pudiponderie.
Ce dernier (souffle) qui, du fond de nos entrailles voguant vers la bouche, embrasa en enfilade les lèvres, ce qui me permet d'expulser vers vous moults allocutions...

Si petite était la bouche à sa naissance, vous suivez ? Elle devint fine en grandissant, afin de lui accorder le droit d'exprimer son goût pour le négatif, le péjoratif, le difficile et le délicat.

Jamais elle ne s'échancrait sur l'émail puritain tenu par un sourire « du bout des lèvres », un rire jaune n'est pas si apprécié sans l'existence d'une brosse à dents qui faisait sans doute à cette époque, défaut.

Quant à l'articulation, ce n'est pas son fer de lance, et pour cause ; raffinée à sa source elle évolua bientôt vers des simagrées à l'exigence pincée, que ce soit de manger, de rire ou de prononcer ; son appétit frugal gardait en des lieux, bien au fond, l' opposition qui lui était propre.

Alors, du fond du cœur, n'oubliez pas que les mots sont fléchés et que la gourmandise de la vie vous invite à bailler bouche baie,si cette lecture a été en de ça par cet émonctoire.


Salut Au plaisir de vous retrouver



Ce message a été édité - le 16-08-2020 à 15:26 par Mahea


Vie
Membre
Messages : 738


Posté à 15h56 le 16 Aug 20

Mahea,
J'ose, tu devrais poster ton post dans Poésie.
Mais quel pied de te lire !
Salut


Ancienmembre
Membre
Messages : 395


Posté à 21h45 le 17 Aug 20

Si vous saviez, Mahéa et Tigrou, combien votre venue et vos mots m’ont fait plaisir tout autant que touchée.

Je vous en remercie infiniment.

J’ignorais l’origine exacte du "septième ciel" et je te sais gré, Tigrou, de me l’avoir apprise.

Je ne savais pas non plus l’expression québécoise "aux oiseaux" que je trouve bien joliment imagée. Je ne peux donc qu'être enchantée de, désormais, la connaître.

Pour ce qui est dudit journal, j’avoue que ce n’est pas, non plus ma feuille de chou usuelle.
Je lui préfère nettement la lecture ou l’écoute d’un Sol en "odieux visuel", par exemple :)

Tu as bien fait, Mahéa, d’oser et de te lancer. Ce que tu as écrit, de bouche à bouche :), est absolument sublime de poésie, de fantaisie et d’élégance. Cela me laisse sans voix. J’ai, par ailleurs, énormément apprécié ton post précédent disant ton agréable lecture de ce topic. Je suis, également, ravie de te retrouver en ce lieu.

Je reviendrai, sous peu (autrement dit dès que le temps me fera un peu moins défaut), de quelques expressions, faire écho à vos propos.

Bien à vous deux.

Au plaisir...




Ce message a été édité - le 17-08-2020 à 23:06 par Brune


Folamour
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Messages : 2


Posté à 07h27 le 18 Aug 20

Juste une petite expression dont je ne connais pas l origine mais qu'il m'a été donné d 'entendre par un percheron :

" j'men bats les flans à coup de pattes d 'anguille"

je l'avais gardée pour moi mais comme elle est savoureuse je vous la signale


Oxalys
Membre
Messages : 3202


Posté à 13h30 le 02 Sep 20

Amusante, cette expression percheronne, je ne connaissais pas. J'ai quand même un doute concernant l'orthographe du mot "flan" (pâtisserie) .... ce ne serait pas plutôt "flanc" (anatomie) ?

J'dis ça parce qu'il y a du côté du Lyonnais, dont je suis originaire, une expression qui signifie à peu près la même chose :
"je m'en bats l'oeil et le flanc droit. clindoeil


Oxalys
Membre
Messages : 3202


Posté à 13h36 le 02 Sep 20

Allez, c’est la rentrée !
Finies les vacances
Grand temps de se replonger dans l’étude des expressions populaires plus ou moins tombées dans l’oubli.
En voici une qui devrait intéresser les apprentis-poètes ou ceux qui, comme moi, ne sont jamais à l’abri d’une bourde prosodique :


"C'est coton" la poésie.
C'est contraignant, difficile!



Cette expression vient de l'argot du XIXe siècle. A cette époque, il était difficile de tirer une production de qualité du tissage de cette matière première naturelle. Le personnel des filatures qui effectuait ce travail avaient l’habitude de dire : « c’est coton ». Par la suite, elle s'est étendue pour qualifier d'autres tâches contraignantes.


En résumé : quand c’est coton, c’est que cela ne va pas de soi(e)

clindoeil


Mahea
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Messages : 905


Posté à 21h53 le 05 Sep 20

Coucou à tous,

Afin d'harmoniser la fibre végétale que nous a tissé avec finesse Oxalys, je rallongerais bien volontiers les vacances...

En décrochant le cocotier vous auriez tendance à penser, que l'heure est venue pour vous d'empocher le gros lot, si vous êtes un inconditionnel des jeux de hasard, ou, d'emporter le jambon qui pend dans la salle des fêtes du Bourg lors du dernier loto où vous avez fait carton plein.

Et si juste triompher d'un tout petit rien suffisait à votre bonheur, vous pourriez aussi emprunter cette expression : « décrocher le cocotier », même si vous êtes plutôt continental qu'insulaire.

Et pourtant, on rattache facilement cette expression aux îles.
Et si très amoureux, vous voulez tenter l'expérience, et crapahuter tout en haut du cocotier pour bramer votre amour à votre vahiné qui nage sensuellement dans les eaux turquoises ; et, n'oubliez pas... Décrochez lui la plus grosse noix de coco du coin .. Hé hé... Bon courage !... Mais, il n'en est rien !

Cette expression assez récente date du XIXe siècle. Elle a très vite subi une transformation exotique et maritime (à cause du mât). Car figurez vous, qu'avant d'être cocotier, il était mât de cocagne dressé dans les hameaux, ces derniers étaient enduits de suif ou de savon noir pour bien sûr les rendre glissants.

Lors de certaines fêtes dominicales au village, ou lors de distractions qui engageaient les marins les plus acrobates, jeunes et plus ardents grimpeurs bravaient et rivalisaient d'ingéniosité pour atteindre la cime du mât où étaient accrochés à différentes hauteurs, victuailles, cigarettes, alcools et, au pinacle... Une timbale en argent.
La décrocher, « la timbale » assurait au gagnant sa rincée de rhum, et vous en conviendrez, c'est plus goûtu qu'un jus de noix de coco.
Salut



Ce message a été édité - le 06-09-2020 à 08:57 par Mahea


Ottomar
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Messages : 1255


Posté à 17h47 le 02 Dec 20

En faire toute une tartine.


En lisant Illusions perdues de Balzac, je relève que l’expression
« en faire toute une tartine » viendrait de l’argot du journalisme.

« Les journalistes en taillent tous les matins à leurs abonnés de fort peu digérables, et que néanmoins ils avalent. »
L’expression est utilisée par Balzac, dans le roman, pour un personnage, Mme Bergeton dont il est dit
« qu’elle employait de ces immenses phrases bardées de mots emphatiques, si ingénument nommées des « tartines » et plus loin « son esprit s’enflammait comme son langage...le dithyrambe était dans son cœur et sur ses lèvres...pour elle, tout était sublime, extraordinaire, étrange, divin, merveilleux »

Je vous engage à lire ou relire Balzac, ses personnages restent très actuels. Mais bon je ne vais pas en faire une tartine !


Oxalys
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Posté à 23h17 le 05 Feb 21

Passer (ou sauter) du coq à l’âne

Une expression d’actualité en regard du thème du mois : le COQ

Dans l’acceptation moderne, elle signifie tenir des propos décousus, sans transition.

L’expression est apparue au XIVème siècle dans le langage populaire sous la forme « saillir du coq à l’asne ». A cette époque, le mot « asne » signifiait « cane », femelle du canard (anel en latin). Elle fait fait allusion à l’accouplement d’un coq avec une cane.
L’opposition des deux animaux n’existerait que dans l’imaginaire des gens. Le coq sautait ou saillait (en ancien français) toutes les poules se trouvant à sa portée. Il lui arrivait de se tromper de femelles et de choisir une cane. Cette incohérence est passée dans le langage courant pour désigner celui qui parle sans suite dans les idées.


Tigrou
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Messages : 607


Posté à 20h39 le 26 May 21

Ours mal léché

Ours mal léché est une expression populaire datant du XVIIe siècle. Elle est employée pour désigner une personne faisant preuve d'un comportement social bourru, grossier, désagréable, rustre, qui n'est ni poli, ni convenable, et ne sait que peu de choses des usages du monde.

Cette expression est associée à l'ours, car c'est un animal généralement solitaire et nos ancêtres pensaient que les oursons n'étant pas tout à fait formés à leur naissance, leur mère devait donc les lécher pour qu'ils soient complètement achevés. Rabelais disait déjà : « Ainsi que l'ourse, à force de lécher son petit, le met en perfection... »

Rabelais lui-même reprenait une information qui se trouvait déjà dans les Étymologies d'Isidore de Séville en 630, et qui a été inlassablement reprise dans les encyclopédies du Moyen Âge et de la Renaissance :

« On dit que l’ours (ursus) est ainsi nommé de ce qu’il forme ses petits avec sa gueule (ore suo), quasiment orsus. On dit en effet qu’il engendre des petits informes qui naissent comme des morceaux de chair, que la mère transforme en membres en les léchant. De là ce [vers] qui suit : « L’ourse façonne avec sa langue le petit qu’elle a engendré ». Mais la raison en est une naissance avant terme. Tout au plus, l’ourse met bas au trentième jour ; cette courte gestation produit des êtres informes ».
La Fontaine joue sur cette expression en parlant d'un ours « à demi léché » dans sa fable L'Ours et l'Amateur des jardins.

L'expression « mal léché » signifiant donc « mal élevé et sans éducation », s'applique à une personne dont la « formation » aux règles de vie en société n'a pas été entièrement accomplie.


Oxalys
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Posté à 09h27 le 05 Jul 21

Je n’étais pas venue par ici depuis un bon moment et découvre avec amusement cette expression si bien expliquée.
Quelle ourse mal léchée je fais ! Mais mieux vaut tard que jamais : merci Tigrou pour ce supplément de culture qui devrait permettre de briller lors d’un prochain "small talk"


Allez, un terme d'actualité :

Se faire alpaguer = se faire arrêter, être fait prisonnier – par extension se faire exploiter

Ce verbe relativement récent vient du nom de l’alpaga, mammifère camélidé de la même famille que le lama dont la laine aux poils longs et fins servait autrefois à fabriquer des tissus de qualité. Au XIXème l’alpaga était réservé aux riches. Il a d’abord désigné le manteau fait dans ce tissu, puis le dos, puis fut à l'origine de l’expression « tomber sur l’alpague » synonyme de se faire tomber sur le dos. Au XXème l’expression a été réduite au verbe « alpaguer ».
Voilà comment, par un cheminement assez long, l’alpaga, animal à poils laineux, s'est retrouvé sous les verrous.

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