LE PÉRIL DU PETIT CHAPEAU POINTU !

Que ferons-nous demain d’orthographes nouvelles ?
Le terreau du savoir soudain se videra
Dans la bretture floue et l’homme se dira :
Cette langue faiblit aux tours de manivelles.

De ce troupeau déchu pleurera le maçon,
Les anas, les prosiers, et de tâche ou de tache
Ne sauront nettoyer ! Les mots à cache-cache
Comme la pêche et pèche troubleront l’hameçon !

Les clergies et la langue aux nouveaux maquillages
Seront fades, sans vie, pleureront ce passé…
Enfant j’ai tant eu mal en des mots les placer,
Voici qu’alors déjà j’en perds appareillages !

Je sais Dame Marcek : vous m’avez soutenu
Chapeautant la voyelle au seuil des ignorances ;
N’y-a-t-il aujourd’hui que joc d’avenirs rances
S’asseoir au tableau noir d’enseignant retenu !

Voyez cette réforme ? Un siècle de querelles,
De débats, de combats… Pendant de temps combien
Prote affublé d’efforts aura contre tout bien
Dépensé d’énergie au vair des passerelles ?

En ferons-nous le jeûne, Ô ! Jeunes, des bilans ?
Oublier qu’ont vécu pour l’accent circonflexe
Arête, châsse, rôt, d’autres en bon réflexe…
Chapeau bas ! Tu auras vécu près de mille ans !

Jean-Mi

Bretture nf : travail accompli pour dégrossir un ouvrage de sculpture.
Prosier nm : recueil d’hymnes dites proses.
Clergie nf : a signifié savoir, instruction en général.
Dame Marcek : célèbre membre du site de poésie « lespoetes.net ».
Joc nm : repos du moulin. Mettre un moulin à joc : l’arrêter.
Prote nm : celui qui, dans une imprimerie, est chargé de diriger les travaux. S’est dit abusivement des correcteurs d’épreuves et des compositeurs typographes.

Merci, j'aime le fond et la forme !

J'ai commis il y a quelques années sur ce sujet "le trou du fût",
que ça paraît loin aujourd'hui, la préhistoire presque

Bonjour JEAN-MI,

Bien bel accomplissement que ce poème didactique dont je partage le bon sens et la réflexion méticuleuse.

Qui plus est, le fond et la forme sont de très bonne facture, ce qui laisse toute sa place à la fluidité et à l’harmonie des vers.

Je tiens à louer, également, la ponctuation, indispensable pour transcrire les différentes intonations, car il s'agit de la modulation et des cadences du langage.



ANDRÉ

Madykissine,

Il semblerait qu’il y ait un Restaurant « Le Trou du Fût » à Saint-Nazaire… Non ! ce n’est pas ça n’est-ce pas ?
Je n’ai pas compris ta phrase : « J'ai commis il y a quelques années sur ce sujet "le trou du fût" » ?
S’agit-il d’un poème ?

Jean-Mi

(Jean-Mi : en effet, oui c'est le titre du poème... et je parle d'un temps que les moins de cent ans ne peuvent pas connaître )

Madykissine,
Peut-on retrouver ton poème où aurais-tu cette envie de le déposer sur cette agora ?

PS : j’ai moins de cent ans !
Jean-Mi

André,

Je ne sais aujourd’hui où en est cette réforme….
Voici là quelques décennies que j’ai quitté l’école.
Toujours est-il que je pense que cette réforme était ridicule et engendrait un appauvrissement de la langue française, voire un glissement vers la fainéantise et le manque de l’effort.
Oui je pense comme toi que dans ce poème la ponctuation à une place importante et il convient de le lire avec elle !
Jean-Mi

Oui, JEAN-MI, les règles de ponctuation sont fixes, basées sur la syntaxe ; elles n'admettent ni la fantaisie, ni les "caprices". Malheureusement, les grammairiens ne semblent plus se passionner pour cette "petite science", dont ils se sont laissé déposséder par les typographes. Pourtant, ponctuer sert, avant tout, à faire saisir toutes les nuances de la pensée d'un auteur, évitant parfois de fâcheuses équivoques.

45 % des Français maîtrisaient mal les règles orthographiques en 2018. N’est-ce pas l’apprentissage que l’on devrait réformer plutôt que son sujet ?

À un moment donné, il était question de supprimer l'accent circonflexe. Imaginons ce que cela pourrait donner sur une phrase comme celle-ci :

"je suis sûr, ta sœur elle va bien".

"je suis sur ta sœur, elle va bien".



D'où l'importance de l'accent et de la ponctuation.

MERCI pour ta pondérée réponse.

Excellente journée à toi.

ANDRÉ





Ce message a été édité - le 27-05-2020 à 12:13 par Laugierandre

André,

C’est vrai la ponctuation a toute son importance dans un poème et j’ai parfois des hésitations à rajouter ou retirer une virgule.
Ce n’est que ma lecture à voix haute qui décide !
Il faut laisser le temps à l’écriture de respirer n’est-ce pas ?
Mais ce n’est pas aussi facile car personne ne respire de la même façon !

J’ai accompli beaucoup de tâches afin d’enlever cette tache ! Arggggg ! heureusement qu’il y a le petit chapeau pointu !




Ce message a été édité - le 29-05-2020 à 21:16 par Jean-Mi