Signaler un contenu inaproprié.

Page : 1

Vous devez être connecté ou demander l'accès au forum pour répondre à ce message.

Auteurs Messages

Mahea
Membre
Messages : 905


Posté à 22h31 le 05 Aug 20

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Telle une basse-fosse où l'on met au rebut
L'orgasme, la douleur, le mal et son contraire ;
Rien ne s'attarde ici dans le fond qui m'est dû.

J'ai parfois l'illusion que s'y glisse et m'éclaire
Un amour éternel en un moment conçu :
Le fauve de ses yeux accroché de lumière
Vient, ricane et m'enchaîne à ce tohu-bohu

L'azur s'est ajusté à l'ombre douce-amère
De ta lèvre infidèle et à ta peau j'ai su
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Le cœur enseveli ; du pinacle j'ai chu !

Ce soleil métallique à ma tempe lunaire
Nomade en rotation dans le vide épandu
Griffe de ses rayons ma peine singulière
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

-------------
« Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su. »

Félix Arvers « L'amour caché »


---
--- Pour faire écho à Dame Oxalys qui me sollicitait dans "Blanche colombe", je me suis laissé tenter Salut




Ce message a été édité - le 07-08-2020 à 22:53 par Mahea


Laugierandre
Membre
Messages : 1920


Posté à 09h14 le 06 Aug 20


Une belle performance, MAHEA, que cette glose-maillet dans laquelle ta bien euphonique plume vient engranger des quatrains séduisants et évocateurs, sur ces vers de Félix ARVERS.

Rien à redire sur l'ossature de ce poème aux tonalités musicales bien restituées.

Un seul petit bémol sur certains mots comme ILLUSION, UNION et MIASME qui, pour respecter l'esprit et les règles de la versification classique, devraient satisfaire aux contraintes de la "diérèse".

Illusion = 4 syllabes.
Union = 4 syllabes.
Miasme = 3 syllabes.


Une petite erreur, également, dans le premier vers du dernier quatrain:

"Ma plume s'arc-boute à ma tempe lunaire".

Il n'y a que 11 syllabes :

"Ma/ plu/me/ s'arc/-bout/(e) à/ ma/ tem/pe/ lu/nair/(e). (11 syllabes)

J'ai mis entre parenthèses ( ) les "e" muets.

Coucou Coucou

Très bonne journée.

CARPE DIEM

ANDRÉ

Salut Salut Salut


Tonindulot
Membre
Messages : 3506


Posté à 11h30 le 06 Aug 20

Faut-il toujours se taire quand on a tant à dire...?

Le jeu du maillet glosé est un plaisir double: pour l'auteur et pour le lecteur..

La couture aussi supporte les retouches....

Salut Salut Salut Salut


Oxalys
Membre
Messages : 3202


Posté à 16h45 le 06 Aug 20

C'est sympa, Mahea de répondre à mon appel et d'oser forcer les portes de ce forum en passe de devenir exclusivement masculin.

Courageux de ta part de tenter le défi avec un poème on ne peut plus classique, alors que je te suggérais de gloser en libre,
où l'on risque moins de se faire taper sur nos doigts délicats de femmes clindoeil

J'ai lu ta glose à haute voix, sans métronome pour battre la mesure, et n'ai pas eu l'impression de m'écorcher l'oreille.... je dois devenir dure de la feuille avec l'âge !

clindoeil


Jean-Mi
Membre
Messages : 1453


Posté à 21h54 le 06 Aug 20

Mahea,

Voilà. Il faut que je te dise : Baudelaire m’a téléphoné et m’a confié qu’il ne cessait de se retourner dans sa tombe en lisant tes vers.

Pour arc-bouter Mahea, tu vas nous trouver quelque chose comme appuyer, fortifier, étayer, soutenir.
Sinon, ça existe « arque-bouter » comme « avecque(s) » pour « avec » ?
Jean-Mi



Ce message a été édité - le 06-08-2020 à 21:58 par Jean-Mi


Jean-Mi
Membre
Messages : 1453


Posté à 22h00 le 06 Aug 20

Oxalys,
Tu disais : « C'est sympa, Mahea de répondre à mon appel et d'oser forcer les portes de ce forum en passe de devenir exclusivement masculin. »
Nous attendons avec impatience la gente masculine.

Tu disais aussi :
« où l'on risque moins de se faire taper sur nos doigts délicats de femmes »
Nous ici on ne tape jamais sur les petits doigts délicats des femmes… on les caresse avec des vers tout doux tout doux qui riment parfaitement avec leur délicatesse.

Jean-Mi Mdr


Solem
Membre
Messages : 303


Posté à 22h32 le 06 Aug 20

Bonsoir Mahea,
cette lecture me rappelle une glose commise à partir du même quatrain de Félix Arvers...

"Ma Lady d'Amour


Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Accrochés au revers du destin pour toujours,
Brûlant de rouge sang sur mon cœur triste et sourd,
Qui cherche à retrouver, au long de ses artères,

Un amour éternel en un moment conçu :
Ce souvenir fiévreux, gravé dans ma mémoire,
Hante les longues nuits, par leur sombre grimoire,
Et m'écorche la peau, comme un rêche tissu.

Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Onguent du médicastre, un remède apporté,
Ne peut soigner l'humeur du bonheur amputé,
Redessiner une aile aux sentiments aptères,

Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Je porte cette croix en travers de mes songes,
Impuissant à guérir le fléau qui me ronge,
Á sa flèche, blessé, saigne un rêve déçu."


Trist@nic - 09/16

Je ne pense pas l'avoir publié ici, sinon... veuillez m'absoudre !
Salut
Merci clindoeil



Ce message a été édité - le 07-08-2020 à 08:44 par Solem


Mahea
Membre
Messages : 905


Posté à 22h51 le 07 Aug 20

André,

J'ai fait une refonte de plusieurs vers, en tenant compte des bémols que tu as plaisamment pointé du doigt. Malgré tout, je tiens à conserver « l'illusion » sans lui imposer la diérèse ; Il se trouve que la place qu'il occupe dans le vers, j'ai l'oreille molestée par cette distorsion en 4 syllabes.

J'entends ta suggestion, et respecte ces valeurs, mais il semble parfois que les règles strictes et figées de la versification classique perdent de leur pertinence lorsque l'on aborde l'oral dans une variante plus contemporaine et moderne.

Il n'en reste pas moins que je suis toujours ravie de prendre connaissance de ton avis et de tes appréciations.

Je te souhaite une agréable nuit

Tonin,

Le silence vaut mieux parfois... Pourtant, il est bien agréable d'avoir un petit signe lorsque la lecture a été appréciée. Merci Tonin, au plaisir d'échanger.


Oxalys,

Il est entendu depuis des lustres que « les femmes qui lisent sont dangereuses » et j'en ris, ce serait un vaste débat... Sur ce forum comme sur le site, et pour le plaisir de tous, la poésie et l'expression des sentiments nous lient, la Femme n'inspire t-elle pas de tout temps, l'amour, la souffrance, l'espoir, et bien plus encore ?
Je déplore que la muse, n'ait pas de masculin à ce jour, et ce serait un beau défi à proposer aux poètes qui nous le rende si bien !

Pour rebondir sur ton appréciation, à la première glose que j'ose éditer, la crainte n'existe pas, juste le doute dans la maîtrise et dans le souci de déplaire par mon style. Lutter contre le stéréotype et l'appartenance représente toujours un risque, il révèle une conception différente dans l'acte d'écrire, et cela ouvre une brèche à l'exploration esthétique en tout genre et j'aime ça.

C'est pourquoi, j'apprécie souvent ta parole de femme dans une certaine forme de domination masculine.

Jean-Mi,

Ne te froisse pas, nous savons combien, ici, cette alliance et ces échanges
de qualités ont pour ligne de conduite d'être attentifs, bienveillants, délicats, conciliants, courtois, et … J'en rajoute ? Je souris, je suis sincère, n'en doute pas, Merci Jean-Mi. Belle soirée à toi.

Solem,

Je suis heureuse de découvrir ton univers, et la maîtrise des codes.
Cela nous permet, ici, de ressentir les différentes perceptions que nous
avons à partir d'un même auteur.
Merci pour ta contribution.


Solem
Membre
Messages : 303


Posté à 13h37 le 08 Aug 20

Bonjour Mahea,
j'aime aussi l'impertinence qui bouscule les codes, en respectant les auteurs...
En vertu de quoi nos sensibilités seraient-elles figées sur des concepts d'une autre époque ?
Reste à éditer les codes pour les adapter à ces modes sans contraintes autres qu'une science de l'Art dont l’Écriture sait épouser les contours !

Et quant au féminisme qui serait mis à "mâle" il n'a pas besoin d'un "muse & homme" pour exposer ses richesses et talents... Sourire

"Une lettre de femme"
(Marcelline Desbordes Valmore)

???? Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire,
J’écris pourtant,
Afin que dans mon cœur au loin tu puisses lire
Comme en partant.

???? Je ne tracerai rien qui ne soit dans toi-même
Beaucoup plus beau :
Mais le mot cent fois dit, venant de ce qu’on aime,
Semble nouveau.

???? Qu’il te porte au bonheur ! Moi, je reste à l’attendre,
Bien que, là-bas,
Je sens que je m’en vais, pour voir et pour entendre
Errer tes pas.

???? Ne te détourne point s’il passe une hirondelle
Par le chemin,
Car je crois que c’est moi qui passerai, fidèle,
Toucher ta main.

???? Tu t’en vas, tout s’en va ! Tout se met en voyage,
Lumière et fleurs ;
Le bel été te suit, me laissant à l’orage,
Lourde de pleurs.

???? Mais si l’on ne vit plus que d’espoir et d’alarmes
Cessant de voir,
Partageons pour le mieux : moi, je retiens les larmes,
Garde l’espoir.

???? Non, je ne voudrais pas, tant je te suis unie,
Te voir souffrir :
Souhaiter la douleur à sa moitié bénie,
C’est se haïr."


Bonne fin de semaine
Salut


Oxalys
Membre
Messages : 3202


Posté à 15h23 le 08 Aug 20

Solem, entièrement d'accord avec toi :
"En vertu de quoi nos sensibilités seraient-elles figées sur des concepts d'une autre époque ?
Reste à éditer les codes pour les adapter à ces modes sans contraintes autres qu'une science de l'Art dont l’Écriture sait épouser les contours !"


Il ne "reste pas à éditer", car c'est déjà fait, ici même, sous le nom générique de "Gloses de Salus" - un ouvrage de référence que je conseille, une fois de plus, même si la longueur semble fastidieuse, c'est une mine de renseignements pour tout apprenti ou affranchi ou confirmé poète. La glose n° 21 -dans ce contexte-ci- vaut qu'on la lise ou relise.

Amicalement

Vous devez être connecté ou demander l'accès au forum pour répondre à ce message.

Page : 1