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Posté à 15h42 le 14 Oct 20
Présentation :
Dans l’idée « la philosophie est un soin », si l’espoir vous interroge et si les princesses fans de pique-nique vous intéressent, le texte ci-après est pour vous.
Texte :
Il était une fois, mais pas plus, une jolie princesse, châtelaine, demeurant auprès de son papa Roi et de sa maman Reine. Elle est très jolie comme susdit. Son plaisir ? : les pique-nique, et puis s’admirer dans son miroir.
Lorsque l’obscurité de la nuit tombante enveloppe le château, Cléa, c’est son prénom, regarde par la fenêtre en murmurant, pourvu qu’il fasse beau demain, j’ai tellement envie de pique-niquer.
Et voilà notre jolie princesse Cléa angoissée, anxieuse, désormais dans la crainte qu’il pleuve le lendemain. Heureusement, souvent le soleil est au rendez-vous. Mais Cléa se demande s’il ne manquera rien pour le repas, encore une crainte pour notre princesse. Elle espère que tout ira pour le mieux, en attendant de voir les serviteurs préparer les festivités.
Alors, pour passer le temps, dans l’ombre épaisse d’un grand chêne, elle se détaille dans le miroir qu’elle a toujours soin de faire emmener avec elle. Elle est très jolie, et elle le sait, elle espère le rester à jamais. Elle craint qu’un jour sa beauté ne disparaisse. Il ne faudrait surtout pas que cela arrive avant d’avoir trouvé son Prince Charmant. Alors elle espère, encore et encore, pour combattre l’angoisse.
Cléa ne sait pas que l’espoir et la crainte sont l’avers et l’envers d’une même pièce. Cléa ne sait pas non plus qu’espérer pour que ce qui ne dépend pas de nous advienne n’a pas de sens. Ce qui arrive, arrive, nous ne pouvons pas nous promettre du beau temps, puisqu’il fera le temps qu’il fera. Cela ne dépend pas de Cléa, toute princesse qu’elle est, pour le beau temps son pouvoir s’arrête aux caprices du soleil et pour la beauté de son visage à la malveillante complicité des années qui passent.
Cléa espère que son Prince Charmant le sera vraiment, charmant. Elle a un peu peur qu’il ne ressemble par trop à son Roi de papa… Il sera beau ce Prince Charmant, d’ailleurs, se dit-elle, comment pourrait-on être laid si on est Prince Charmant ? Cléa n’a aucun doute mais elle doute quand même.
Sans s’en rendre compte, Cléa, d’espoir en espoir, vit dans une crainte, une angoisse, une anxiété perpétuelle. Elle voudrait pouvoir agir sur ce qui ne dépend pas d’elle. Ceci est rêve de princesse, naïveté de petite fille, méconnaissance du réel.
En voulant que les événements soient à l’image de ses désirs, au lieu de les accepter comme ils sont, Cléa se fait l’instrument de son malheur.
Si l’on devait tirer leçon de cette histoire, l’on pourrait dire qu’il ne sert à rien d’espérer ce qui ne dépend pas de nous, et que pour le reste, c’est-à-dire ce qui dépend de nous, il suffit d’agir.
Soyons sans crainte, sans espoir, et surtout, lorsqu’il le faut, relevons nos manches de chemises.
Voilà.
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