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Ottomar
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Posté à 11h11 le 18 Oct 20

Rue René Leynaud

J’ai croisé, il y a quelques années, dans un petit village, une vieille femme habillée de noir. Elle se rendait au cimetière et portait dans ses bras , avec délicatesse, un pot de chrysanthèmes. Ce jour là je crois avoir, pour la première fois, vraiment compris ce que signifiait le jour de la Toussaint.

Mon père avait son bureau au 13 de la rue des Capucins, sur les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon. Cette adresse « traboulait » avec le rue René Leynaud que mon père appelait encore de son nom d’avant guerre « rue vieille monnaie ».
La plaque de la rue René Leynaud indique qu’il fut résistant « mort pour la France ».

René Leynaud (1910-1944) fut journaliste au Progrès et poète. Ami d’Albert Camus lui aussi membre du réseau Combat durant la guerre. Il écrit en 1947 sur René Leynaud dans la préface de ses poésies posthumes :

« j’ai souvent logé, en 1943, lors de mes passages à Lyon, dans sa petite chambre de la rue Vieille Monnaie que ses amis connaissaient bien...autour de nous le lourd silence des nuits d’occupation s’établissait. Cette grande et sombre ville du complot qu’était alors Lyon se vidait peu à peu… »

Le 11 mars 1944, René Leynaud est arrêté par la Milice place Bellecour et emmené au siège de la Gestapo puis conduit dans l’Ain, à Villeneuve avec 19 résistants. A la sortie du village, les soldats leur ordonnent de se diriger vers un bois et les abattent dans le dos.

Un poème de René Leynaud

Pipe


Pipe en fumée qu’on exhale
Après l’avoir étirée
Chastement, tu tisses un châle
Bleu de formes aérées
Qui sont rêves de nos lèvres.

Mais le feu s’il devient froid,
Qu’on avive et fait descendre :
Colorés d’ombre à l’étroit
Nos clairs jours se changent en cendres.


(Poèmes chinois)



Le nom de René Leynaud est inscrit sur un panneau au Panthéon. Hommages rendus le 2 juillet 1949 aux écrivains morts pour la France pendant la guerre 1939-1945. René Leynaud est au côté de quatre autres poètes assasinés,
Robert Desnos (1900-1945, mort au camp de concentration de Theresienstat, Tchécoslovaquie),
Max Jacob,(1876-1944, mort à Drancy),
Benjamin Fondane (1898-1944, mort dans une chambre à gaz du camp d’extermination d’Auschwitz) et
Saint-Pol-Roux, (1861-1940, maltraité par les nazis et mort à l’hôpital de Brest).





Ce message a été édité - le 19-10-2020 à 10:23 par Ottomar

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