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Posté à 04h28 le 25 Oct 20
Et déjà l'aurore De ses rayons dore Les toits alentours. Les lampes pâlissent Les maisons blanchissent Les marchés s'emplissent : On a vu le jour. De la Villette Dans sa charrette, Suzon brouette Ses fleurs sur le quai, Et de Vincennes, Gros-Pierre amène Ses fruits que traîne Un âne efflanqué. Déjà l'épicière, Déjà la fruitière, Déjà l'écaillère Sautent au bas du lit. L'ouvrier travaille, L'écrivain rimaille, Le fainéant baille, Et le savant lit. J'entends Javotte, Portant sa hotte, Crier : Carotte, Panais et chou-fleur ! Perçant et grêle, Son cri se mêle A la voix frêle Du noir ramoneur. Tout, chez Hortense, Est en cadence ; On chante, on danse, Joue, et caetera... Et sur la pierre Un pauvre hère, La nuit entière, Souffrit et pleura. Le malade sonne, Afin qu'on lui donnes La drogue qu'ordonne Son vieux médecin ; Tandis que sa belle, Que l'amour appelle, Au plaisir fidèle, Feint d'aller au bain. Quand vers Cythère, Le solitaire, Avec mystère, Dirige ses pas, La diligence Part pour Mayence, Bordeaux, Florence, Ou les Pays-Bas. « Adieu donc, mon père, Adieu donc, mon frère, Adieu donc, ma mère, - Adieux, mes petits. » Lezs chevaux hennissent, Les fouets retentissent, Les vitres frémissent : Les voilà partis. Dans chaque rue, Plus parcourue, La foule accrue Grossit tout à coup : Grands, valetaille, Vieillards, marmaille, Bourgeois, canaille, Abondent partout. Ah ! Quelle cohue ! Ma tête est perdue, Moulue et fendue, Où donc me cacher ! Jamais mon oreille N'eût frayeur pareille... Tout Paris s'éveille... Allons nous coucher ! (Chansons et poésies, 1802) Ce message a été édité - le 25-10-2020 à 04:30 par Jim |
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