Signaler un contenu inaproprié.

Page : 1

Vous devez être connecté ou demander l'accès au forum pour répondre à ce message.

Auteurs Messages

Clementcheylan
Membre
Messages : 40


Posté à 10h14 le 15 Jan 21

Présentation :

La plupart des questions philosophiques traitent des rapports que nous avons de nous à nous, de nous aux autres, et de nous au monde, mais qu’en est-il lorsque nous avons le sentiment d’être le monde.

Texte :

Quoi de plus extraordinaire et en même temps de plus banal que la venue au monde d’un bébé. Il vient au monde et reste au monde au moins pendant sa petite enfance, puis est dans le monde, avant d’être si tout va bien dans le monde et au-dessus du monde. C’est-à-dire acteur et observateur du monde. Mais il y a un autre positionnement par rapport au monde dont on parle peu, qui est celui d’être le monde ou du moins d’en avoir le sentiment.
Le petit d’homme à la naissance reçoit le sentiment océanique. C’est le sentiment que notre personne s’étend à tout ce que nous percevons. Ainsi pour le bébé, vous êtes lui, et de même son landau, et le buffet, et la chambre, la porte, le tableau au mur etc… sa personne s’étend à tout ce qui l’entoure. Le bébé est comme expansé, dilaté, par une sorte de joie béate, et le vilain pédiatre avec ses piqûres met fin à ce bienheureux état. À cause de l’expérience de la douleur le sentiment océanique va disparaître.
L’enfant quitte la joie et se ratatine en lui-même pour se défendre de l’agression. Il prend la mesure de son espace corporel et sa peau, frontière entre lui et le monde, limite maintenant sa personne.
Le sentiment océanique disparaîtra petit à petit, à jamais pour une grande majorité d’entre nous mais pas pour tous.
En effet, peut-être vous qui lisez ces lignes avez-vous gardé ce sentiment océanique ! Vous avez souvent des sensations de plénitude. Vous faîtes corps avec le monde, le confondant avec vous. Cette ouverture, cette expansion, cette compénétration à lui et avec lui fait plus que vous relier à lui, le monde est vous, et vous, vous êtes lui.
De fait, chaque chose du monde est une partie de vous. On pourrait penser que si chaque chose du monde est une partie de vous, ces parties ne sont que très peu par rapport à vous qui êtes tout. On pourrait donc penser que la personne possédant ce sentiment océanique se sentirait infiniment supérieure aux autres. Il n’en est rien car l’on ne peut, il me semble, avoir un tel sentiment sans aimer le monde.
Et sans doute les gens ouverts à l’autre, aux autres, altruistes, empreints de compassion, parfois dans des domaines très divers tel que de l’humanitaire à l’art, sont peut-être dotés de ce sentiment océanique, cette joie expansive qui comme un doux cocon enveloppe d’un amour tranquille les cœurs et toutes choses du monde.

Voilà.


Loren
Membre
Messages : 59


Posté à 15h41 le 15 Jan 21

Bonjour Clementcheylan et meilleurs voeux!
Il est toujours plaisant de lire tes démonstrations. Le sentiment océanique est très bien dépeint. Le mot lui-même est très beau, un sentiment vaste comme l'océan.
L'enfant va vivre plusieurs excentrations par rapport à lui -même.Il est fort possible ,comme tu le dis que les humanitaires aient ce sentiment océanique. Mais pourquoi le dictateur ne serait-il pas animé d'un tel sentiment du fait qu'il gomme toutes les individualités, ayant un égo surdimensionné et pensant et agissant pour les autres et servant ses propres intérêts?
Au plaisir de te lire.


Arcane
Membre
Messages : 1062


Posté à 10h24 le 16 Jan 21

C'est ainsi que tu m'éclaires !
Par ton écriture analytique,
Si tu le veux, je la préfère
A la piqûre fort technique !!!!

Je comprends, cher ClementCheyland,
Comment lors de ma prime arrivée
Heureuse m'a t on dit, et souriante
Mes créateurs... m'ont adorée

"" au grand dame du frère ancien
Agé de deux ans plus que moi,
N'ait pas apprécié cette sorte de batracien
Qui prit sa place de petit roi !

citation :::
"""""Ainsi pour le bébé, vous êtes lui, et de même son landau, et le buffet, et la chambre, la porte, le tableau au mur etc… sa personne s’étend à tout ce qui l’entoure. Le bébé est comme expansé, dilaté, par une sorte de joie béate, et le vilain pédiatre avec ses piqûres met fin à ce bienheureux état """""


Merci bien !


Clementcheylan
Membre
Messages : 40


Posté à 14h11 le 16 Jan 21

Loren,
meilleurs voeux à toi aussi!
Je vais tenter de répondre à ta question. Sans prétendre détenir la Vérité, prenons deux personnages, l'humanitaire empreint du sentiment océanique et un dictateur.
Le dictateur est dans une transcendance, il appartient au monde mais est au-dessus de lui, le monde n'est pas lui mais est à lui, il y a un sentiment de possession, de toute puissance à l'égard de ce qui l'entoure. Un dictateur épanoui peut à tout moment décider de l'existence ou de la mort de ceux sur qui il a le pouvoir. C'est ce qui démontre que le monde n'est pas lui mais qu'il est à sa merci.
Pour l'humanitaire, il n'est pas dans une idée de possession du monde, le monde n'est pas à lui, il est lui mais lui-même n'est pas au-dessus de ce qui l'entoure. Entre l'humanitaire et ce qui l'entoure, il n'y a même pas d'immanence, il n'y a même pas ce sentiment de lui-même faisant partie du monde, il fait partie du monde sans que sa partie puisse se distinguer de celui-ci, un peu à la manière d'un écologiste qui aurait mal au monde.
A bientôt!

Arcane,
bonjour! La philo, ça raisonne toujours en nous et ça résonne toujours aussi! parfois c'est pour le mieux, parfois pour le pire, parfois ça permet d'avancer. Je suis content que mon texte ait pu t'éclairer et t'ait permis d'aller vers une compréhension. Philosopher, c'est prendre conscience de ce que l'on sait mais que l'on ne savait pas savoir.
A bientôt!

Vous devez être connecté ou demander l'accès au forum pour répondre à ce message.

Page : 1