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Nawal
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Posté à 15h37 le 22 Feb 21

Il cache son visage derrière le journal, « L’opinion », c’était le nom écrit en grands caractères mais la couleur de l’écriture paraissait disparaître. Il restait toute la journée là, à contempler le sol humide, propre puis sale. Les traces des pieds de différentes tailles, il pleuvait dehors, les passants semblaient dans un autre monde, vivant une autre vie, lui, il restait toujours là, coincé par les chaises qui l’entouraient.
Derrière son journal ses yeux se fermaient de temps en temps, il prenait un souffle et dégustait sa tasse de café comme si c’était la première fois, pourtant il était toujours là, assis dans la même place, cachant son visage avec le même journal, buvant le même café. Personne ne trouvait cela extraordinaire et personne n’ignorait le rituel. Regardant le plafond, il donnait l’impression d’être un savant qui cherche à libérer l’humanité des maux qui l’entouraient, un mathématicien envahi par la diversité des problématiques et la rareté des solutions, un écrivain vivant son dernier personnage… ou bien juste un fonctionnaire d’état dépassé par l’autorité, cherchant la liberté, capturé dans son propre piège et souhaitant s’évaporer dans l’air.
Le plafond restait au-dessus de sa tête, sans bouger, il espérait que ce jour soit différent, que ses yeux reçoivent la lumière et que sa main trouve le courage de jeter le journal, verser la tasse du café et saluer tous ceux qui l’on supporter pendant son emprisonnement. Le serveur qui ne demandait pas de pourboire, celui qui préparé le café habituel sans poser de question, la femme de ménage qui passait discrète sans faire de bruit, mais ce jour était comme chaque jour, faisant partie de sa vie ordinaire.
Il espérait bouger, détruire ce vide de l’intérieur, en vain, l’emprisonnement ! Sa gorge s’est habitué au goût amère du café, son visage aimait se cacher derrière le journal « l’opinion », une opinion qui n’est pas la sienne, mais le journal lui appartenait, à lui seul, et c’était la seul chose qui lui appartenait !
L’emprisonnement, un sentiment qui l’empêchait de regarder ailleurs, loin de ce plafond au-dessus de sa tête, de ce sol défiguré par la boue. Ce sentiment empêchait ses yeux de sentir la lumière qui ne traversait pas le journal, ce sentiment l’empêcher de tourner la page.

Tanger ,2007


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