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Auteurs Messages

Machajol
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Posté à 04h38 le 12 Apr 21

Ophélie, la femme de Michel en Australie…

Accident en première page des journaux ce matin:

Sur l'autoroute du Sud, carambolage
entre deux véhicules dont un poids lourd et ce qui semblerait être les épaves d'une moto.

Malheureusement ce fut celle d'Ophélie, la femme de Michel…

Roulant à plein pot, elle n'avait pas vu le poids lourd se déporter vers elle sur la droite; elle l'avait pris de plein fouet; vu des images défilées devant la visière de son casque, trop rapides et floues; elle avait compris trop tard que c'était la fin du voyage…

Maintenant elle gisait là, écrasée par le bruit de ferrailles des morceaux de sa bécane… Elle ne pouvait plus bouger…

Elle entendit un vague pimpon au loin dans le brouillard de sa pensée et elle perdit connaissance.


Michel fut prévenu rapidement et sauta dans un taxi; son cœur battait la chamade, dans quel état allait il la trouver ? … Sa vie était en jeu … Arriverait il assez tôt ? …

Aux urgences, branle bas de combat,
il eu du mal à attendre à l'accueil
qu'enfin, ce soit son tour …

Deuxième étage, bureau des infirmières vite, ne pas perdre de temps …

Enfin, derrière la vitre, il vit un amoncellement de fils électriques
la maintenant en vie … Interdiction d'approcher … Le souffle d'Ophélie était suspendu à ce masque, à ces bips, à ces tuyaux

Une larme coula, le long de la joue mal rasée de Michel, puis une autre et là, dans ce couloir il s'effondra…

Une main généreuse lui tendit un café. Assis dans une salle d'attente, il essayait de se reprendre; le médecin chef du service devait le rencontrer mais ce n'était pas bon, d'après l'infirmière…



Ce message a été édité - le 12-04-2021 à 04:56 par Machajol


Ann
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Posté à 15h00 le 12 Apr 21

Pourquoi ce camion s’était-il déporté sur la droite, fauchant dans sa glissade la moto d’Ophélie ? Il fallait élucider les causes du drame et ses conséquences. L’enquête s’appuya sur d’étonnants éléments. Le policier Glocky dépêché sur les lieux en appela à ses collègues pour rédiger un rapport qui devint un cas d’école pour la formation de la police de Nouvelle Galles du Sud.
Les premiers constats étaient simples. L’analyse de sang du routier révélait un taux d'alcoolémie de 0,245grammes, cinq fois supérieur à la limite, l’équivalent de six bouteilles de vin dans le cornet. L’autopsie faite sur le corps d’Ophélie conclut qu’elle ne fumait pas que de l’eucalyptus. Les assurances se renvoyèrent le dossier en concluant aux torts partagés. Ophélie avait emprunté la Pacific Highway. Ce tronçon d’autoroute déclassé était parmi les plus dangereux de toute l’Australie. Ophélie consommait encore de ces substances hallucinogènes qu’elle avait découvertes au contact des aborigènes. Elle aimait la vitesse. Les risques la grisaient. Michel tenta de la dissuader. Pour rallier Brisbane, il y avait deux autres trajets mais Ophélie s’était entêtée. Cette fille impulsive avait pris la route accumulant la colère engendrée par sa dispute avec son mari, ajoutée à celle qui avait motivée son départ précipité. Michel savait que sa femme fut capable de provoquer la mort par des stoppies et des embardées sur la voie de droite. Michel n’attendait rien, il était simplement malheureux. Il se tut sur les comportements mortifères de sa compagne. Il fut pourtant dans un grand embarras quand le chauffeur fut d’abord nommé seul responsable de l’accident. Les faits l’accusaient. La cabine du camion piquait du nez dans la voie de droite. C’était l’aurore quand le soleil débouche de l’horizon. La lumière l’avait-il ébloui mais son état d’ébriété fut seul retenu. « Depuis des années, six galons de vin australien, c’est mon rythme de croisière et en vingt ans, pas une égratignure ! » clama-t-il pour sa défense qui le mena derrière les barreaux. Les apparences étaient à la fois incontestables et pas si limpides. Le dossier attendait sur le bureau du sergent Glocky. Ce dernier se déchargea sur son supérieur. L’inspecteur Mac Aulay à son tour, se rapprocha du commissaire Peter Palmer qui fit d’abord :
– Fermez la porte, je crains les courants d’air. Il s’agit d’un banal accident de la route. Je classe. Un alcoolique et une camée et c’est marre.
– Je serai OK avec vous si je n’avais pas pris connaissance d’éléments nouveaux ! insista Mac Aulay.
Peter Palmer se balança en arrière dans son fauteuil et souffla : « En trois mots ! »
A l’invitation du commissaire, l’inspecteur se lança : « Sur place, l’équipe du sergent Glocky a remonté le parcours du camion. A cinq miles de l’embranchement à la hauteur de Cairns, ils ont trouvé une belle quantité de bananes entre la bande d’arrêt d’urgence et les oyats retenant les coulées d’argile quand il pleut. »
Le commissaire se laissa bercer par les paroles de son subalterne dont je vous transmis ainsi l’essentiel :
L’Australie n’est pas le continent sec qu’on imagine. Quand il pleut dans le Queensland. Dame, il pleut. Les limiers de Glocky remarquèrent donc que la chaussée était maculée de peaux noirâtres et de bouillies vertes. Dans le coin, les champs d’avocats se partagent le paysage avec les plantations de bananiers. Mais la police n’avait enregistré aucun signalement d’un quelconque chargement renversé. D’ailleurs les planteurs n’empruntaient pas cette artère trop fréquentée. Ils préféraient suivre les routes secondaires.
Pendant que l’équipe de policiers suivaient les traces suspectes, l’AFP reçut un appel du transporteur, propriétaire du camion mis en cause dans l’accident. Ce dernier déclara que l’expert avait trouvé un nombre conséquent de peaux de bananes coincées dans les sillons des pneus enrobés d’une mixture noyée d’huile de moteur et particulièrement glissante. Aucun conducteur chevronné n’aurait échappé à ce piège. Mais d’où provenait cette cargaison de bananes et d’avocats ?
Sur le terrain, les traces menèrent finalement les policiers à un ute abandonné sur une piste menant nulle part. Les plaques d’immatriculation étaient fausses.
– Chef, des poils de kangourous ! s’écria Jeff Snoorg.
La semaine précédente, la pluie n’avait pas cessé. La terre rendue gluante avait emprisonné des empreintes de ces animaux. Il y en avait partout autour du véhicule abandonné. Les investigations de l’équipe du sergent furent riches de déductions. Les moqueries des journalistes firent la Une de la gazette locale mais les enquêteurs n’en démordirent pas. Ils démontrèrent qu’un troupeau de kangourous s’était approprié le chargement de bananes et d’avocats. S’il en avait consommé sur place, il avait répandu les épluchures de leur larcin jusqu’à l’autoroute. Les passages des voitures les ayant surpris dans leur fuite vers la côte, les marsupiaux avaient abandonné les régimes de bananes et les filets d’avocats qui leur restaient. Finalement, les coupables de l’accident étaient ces bêtes sauvages. Les experts acceptèrent la thèse que le choc entre le châssis du camion et les extrémités des régimes de bananes avait fait sauter le bouchon d’huile. On clamait qu’un animal ne pouvait répondre de ses actes et que de toute façon, il se fut agi d’un homicide involontaire. Il fallait un coupable et ce fut le chauffeur.
– Vous veniez de rouler sur une purée de bananes et avez continué sa course. Et si à la place, c’eût été un groupe d’enfants ? fit le juge à la logique imparable.
Il restait encore à élucider le mystère qui entourait la présence de cet ute abandonné dans ce lieu désertique.
Suite à un prochain épisode.[i][/i]


Machajol
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Posté à 06h30 le 23 Apr 21

Nous revoilou !!
Merci lectrices et lecteurs de suivre cette histoire !


-------------------


En Australie,

L'hôpital où Ophélie est entre la vie et la mort

Sous son masque à oxygène, Ophélie rêvait …

Elle voyait des poissons de toutes couleurs dans les eaux profondes du Pacifique.
Sa fille était avec elle ; cette enfant était l'amour de sa vie,
malgré ses accidents de parcours, elle semblait toujours gaie, ravie d'être sur terre insouciante et belle.

Elle ne la verrait pas grandir; elle savait, ses jours en danger et les tuyaux branchés ne seraient pas très efficaces contre cette volonté de partir …

La moto n'était qu'un prétexte pour
se sentir vibrer, affronter le réel bien au-delà, repousser les limites


Elle avait de la peine pour Michel qu'elle avait aimé d'un amour passionné, trop court; son temps était compté maintenant et elle ne le reverrait plus…

Elle se voyait là sur ce lit, les machines bipées, les schémas sur les écrans faisaient leur travail
mais rien ne l'empêcherait de partir ..
C'était son heure
Dire aurevoir à cette vie qu'elle avait tant aimée; un peu trop de risques parfois, mais tant d'intensité.

Elle frôlerait encore une fois la joue de Michel de son souffle puis le guiderait quelques temps pour lui donner de la force.

Sa fille ferait sa vie, d'adolescente ; elle ne se faisait pas de soucis pour elle …

Son souffle devenait de plus en plus difficile, haletante, elle cherchait encore un peu d'air,
sous ce masque mais

les profondeurs du Pacifique s'estompaient …

La silhouette de sa fille s'éloignait,

elle venait de fermer les yeux
et de rendre un dernier soupir.

-----------------------


Michel attendait toujours dans la salle d'accueil avec un café fort; il entendit quelques pas, l'infirmière vint le chercher et il appris ce qu'il craignait le plus, sa femme venait de le quitter définitivement et à jamais, vers un autre monde, un au-delà où il n'aurait pas sa place auprès d'elle
du moins pour le moment…

Il s'arma de courage et vint à son chevet; ils avaient tout débranché,

elle était là, blanche dans sa belle robe, la dernière de sa vie sur terre; cette robe qui l'avait tant attiré à ce cocktail où il la vit pour la première fois ; il se souvint de cet instant,

grande, belle, elle souriait; l'élégance de ses gestes; son approche avec les deux verres de champagne rosé, attiré comme par un aimant et ses yeux émeraudes rieurs, espiègles, brillant d'intelligence…

Il la sentait, dans cette chambre d'hôpital tout près de lui, à ses cotés … sa main lui tenait la sienne, son souffle l'entourait; il était comme porté par sa présence
bienfaitrice. Elle était là, encore pour lui et les quelques jours de son deuil ne seraient pas tristes; la force d'Ophélie l'accompagnerait
dans ces démarches…

L'enterrement, la famille à prévenir, sa fille, les documents chez le notaire etc … durant un mois, un mois et demi il serait soutenu par sa présence éternelle…

Son cœur ne l'oublierait jamais,
elle serait son seul amour…



Ce message a été édité - le 23-04-2021 à 06:31 par Machajol


Ann
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Posté à 09h06 le 23 Apr 21

Machajol merci de reprendre. A faire mille choses, je ne vois pas les jours passer. Coucou


Pierre
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Posté à 21h01 le 24 Apr 21

"...Faut-il pleurer faut-il en rire, fait-elle envie ou bien pitié, je n'ai pas le coeur à le dire, on ne voit pas le temps passer..."


Machajol
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Posté à 15h23 le 25 Apr 21

Dans la famille …???

Je demande la fille ….


bonne pioche !!

L'adolescence de La fille de Michel et d'Ophélie …

Ann je suis ta plume fantasque …


Bientôt la suite …!!! Sourire Salut


Machajol
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Posté à 17h40 le 02 May 21

Un an passa….

Michel avait fait "son deuil" ou à peu près ; il s'occupait de sa fille jeune ado délurée et pleine de vie.

Celle ci venait d'avoir 12 ans; les garçons ne l'intéressait pas encore pour compter fleurette !
mais plutôt pour faire les quatre cents coups , se balader en moto ,
aller explorer les fonds marins , rigoler autour d'un feu de bois et gratter la guitare sur la plage.

Le bahut , bof , ce n'était pas sa tasse de thé préférée !
Elle y allait par obligation et y
trainait ses galoches plutôt contrite et forcée par son père, qu'elle ne voulait pas décevoir;
certaine qu'à ses 14 ans elle s'en irait faire le tour de l' Australie ou explorer l' Amérique !

Son père devenait vieux et triste
malgré ses efforts pour lui paraitre gai, elle voyait bien que le cœur n'y était pas. Il ne sortait pas , ne voyait pas grand monde et ses amis s'étaient peu à peu éloignés …
Même le koala était mort..

Il passait de temps en temps, dans son labo, de chercheur de pierres
précieuses mais n'avait plus le gout de partager les conférences avec son public et n'écrivait plus de livre …

Il s'efforçait de rendre à sa fille une vie "normale" , lui assurant le gîte et le couvert, la sécurité
et l'a surveillait aussi pour sa scolarité un peu trop "débridée" à son gout…
Mais que pouvait il faire d'autre , sa vie était dévastée de l'absence d'Ophélie ; il pensait à elle jour et nuit et son beau visage avait du mal à s'effacer.

De temps en temps il reprenait les palmes et le tuba et allait plonger
dans les fonds sous marins croyant que là au moins , sa vie serait plus douce ; il en revenait plus détendu, regardait l'horizon, le soleil couchant au loin semblait apaiser sa peine.

Il fallait qu'il se secoue un peu et reprendre les rênes
il ne se sentait pas encore prêt
mais savait que ce moment viendrait
bientôt et gardait cet espoir au fond de lui…

Le soleil se couchait sur la mer, il était temps de rentrer.




Ce message a été édité - le 02-05-2021 à 17:42 par Machajol



Ce message a été édité - le 02-05-2021 à 17:45 par Machajol


Ann
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Posté à 08h57 le 07 May 21

Ah zut, tu m'as fait mourir le koala ! Je vais me racrocher aux arbres ou plutôt aux eucalyptus.


Machajol
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Posté à 10h00 le 09 May 21

Pendant ce temps en France, Bertille menait sa vie "tambour battant".

Elle venait d'ouvrir une galerie d'Art contemporain et sa renommée ne faisait que s'accroitre. De jeunes artistes, du monde entier, venaient exposer leurs toiles. Dans les revues artistiques le nom de Bertille circulait et tout le "gratin" voulait la rencontrer.

Bertille savourait ce nouvel emploi et s'épanouissait dans ce nouveau rôle dans le domaine de l'art moderne.

Ce fut ainsi qu'un beau jour, dans la salle d'attente de son dentiste, Michel lu un article sur une certaine Bertille et reconnut son visage dans l'une des photos de l'article.
Son cœur eut un léger pincement : elle n'avait pas changé et son sourire l'émut plus qu'il ne l'aurait cru possible au bout de tant d'années ...



Ce message a été édité - le 09-05-2021 à 10:02 par Machajol


Ann
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Posté à 12h57 le 09 May 21

Galopin
Il s’était éveillé comme tous les matins mais le ciel était blanc sans soleil. Comme tous les matins, il s’était étiré mais ses griffes ne s’étaient agrippées à rien. Il chercha son coussin de feuillage mais son ventre ne gargouillait pas de famine. D’ailleurs, était-il enrhumé pour ne pas sentir la bonne odeur entêtante de l’eucalyptus qui faisait ses délices ? Les branches d’acacia étaient une caresse qui le traversait. Il tourna la tête lentement. Michel n’était pas là. Quand il pensa fort à Michel, il apparut comme un nuage, un dessin de vapeur. Michel lui manquait déjà et les souvenirs remontèrent comme une explosion de lumières. Galopin eut un mouvement de terreur, un sentiment de grande solitude comme à ce moment terrible de l’incendie. Les animaux avaient fui et les autres prisonniers des flammes imprégnaient la terre craquelée de l’odeur des poils grillés et des viandes calcinées. C’est une main aux ongles rongés qui l’avait enlevé au brasier. Tout fut blanc de fumée puis tout fut noir. Il se souvient alors de l’empyreume du cuir racorni imprégné de sueur âcre, un remugle tenace d’homme au parfum de camouflage que la nature ne saurait produire. Il était mort alors, mort de trouille et puis il s’adapta à cette vie moelleuse et citadine fait de longues balades sur l’épaule de son sauveur. Groo était parti avec l’âme de Gloo-Oo, sa génitrice. Et il devient Galopin. A cette époque, il y avait eu un embrasement, la peur, la panique et puis cette mort. Quelle tragédie avait précédé cette seconde mort ? La tristesse de Michel n’y était pas étrangère. Quelques fils d’argent étaient apparus dans sa chevelure mais ça lui aurait adouci le visage si de mauvaises rides n’étaient pas venues lui hachurer le front. Galopin avait senti les épaules de Michel s’affaisser sur un corps qui s’amollissait. Galopin ne manquait de rien, il avait Michel pour lui tout seul. Ils continuaient leur longue marche dans Hyde Parc mais la voix de Michel devenait trainante. Galopin remarqua une chose étrange comme un changement d’intonation comme si Michel avait changé de musique comme si un kangourou avait décidé d’utiliser le langage d’un dingo. L’amour habitait toujours Michel, son amitié restait intacte mais il ne savait plus l’exprimer. Michel dépérissait et Galopin en souffrait. Galopin n’avait pas senti la mort cette fois-ci mais il savait à cet instant qu’il était mort.
Ce ne fut pas le doux visage de Michel qui lui sourit pour accueillir ce jour nouveau. La face d’un ninoxe raide, le bec dur et les yeux inquisiteurs lui tomba dessus comme une nuit sans fin.
– Tiens, encore un nez de cuir qui nous arrive. Voyons voir, une mention spéciale pour cet animal le plus niais que la Terre n’ait jamais porté.
Galopin reconnut instinctivement l’énigmatique hibou aux instincts voraces de l’épervier comme dans les contes que sa mère lui grognait dans l’oreille : « Le seigneur Boubouk est l’implacable ennemi des koalas. Il nourrit ses enfants de lambeaux de chairs frissonnantes encore de vie. C’est un solitaire qui plonge du ciel quand la nuit a mangé le soleil. » Galopin se souvint de sa promesse : « Maman, quand je serai grand, je serai l’invincible héros qui tuera l’affreux Boubouk ! »
– Tu voudrais me voler dans les plumes ! C’est trop tard, je suis mort. Et toi également, hulula le hibou hilare.
Crachant avec dégout une pelote de petits os, il ajouta :
– J’ai l’ordre de te renvoyer auprès de ton propriétaire, un certain Miche…
– Michel ! Je n’appartiens à personne. Il m’aime ! cria Galopin.
Le bec de l’oiseau claqua dans un silence de mort :
– Inutile de t’égosiller ! Ici, c’est inutile. Le vide étouffe les sons. On lit sur les lèvres et dans les pensées. C’est un ordre d’Ophélie.
Cette peste d’Ophélie ne l’avait jamais aimé et il lui rendait bien. Michel avait refusé d’enfermer Galopin dans une cage. Ophélie lui jetait des regards noirs et des casseroles, Galopin faisait des carnages dans sa garde-robe. Elle refusait de partager son lit et Michel qui finit par ajouter un oreiller. Pour signer sa victoire, Galopin avait pissé sur cette tignasse rousse lui rappelant un incendie. Il ne pleura pas sa rivale mais il fut juste malheureux pour Michel. Pourquoi cette Ophélie l’avait choisi comme émissaire d’amour ?
Dans un dégout affiché, le hibou déclara :
– Tu aimes Michel d’un amour absolu. Le cœur d’Ophélie balance au crochet du peson tandis que la hache d’or n’a pas réussi à briser le lien qui t’unit à ton maitre. C’est une lourde charge…
– Légère comme une plume ! Je veillerai sur lui, je trouverai le moyen de lui montrer le chemin du bonheur, fit le koala.
Depuis quelques mois, Michel se couchait épuisé, il se levait fatigué. Cette nuit encore, il avait dormi d’un mauvais sommeil de lassitude. Mais ce fut le désespoir qui l’assaillit ce matin-là. Ophélie, Emma et maintenant Galopin ! Seul au monde, Michel aurait voulu mourir tout de suite sur le tapis.
Michel s’apprêtait à clouer la caisse mais sa tête retint le bras qui portait le marteau. Il repoussa la planche. Il entendit comme un souffle au cœur, ces mots d’outre-tombe :
– Je suis l’envoyé d’Ophélie !
– Mais c’est un prodige ! Galopin parle ou est-ce que je deviens fou ?
– Tu es à moitié mort de chagrin et je ne suis qu’à moitié aimé. Je suis le messager de l’entre-deux mondes. Je mourrai ma mission accomplie quand tu mourras bien au-delà d’une vie normale de koala, fit la fourrure frissonnante de l’animal.


Ann
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Posté à 12h59 le 09 May 21

Macha, je viens de lire ton texte juqu'après avoir posté le mien sur Galopin. Je vais raccrocher les wagons en reliant le tout.


Machajol
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Posté à 20h01 le 06 Jun 21

Michel encore en Australie …


Son idée de rentrer en France germait de plus en plus. Le visage de Bertille sur cette photo l'avait ému
plus qu'il ne l'aurait cru possible; depuis, il pensait à elle souvent et ici à part sa fille rien ne le retenait vraiment.

Mais connaissant Emma, il aurait du mal à la persuader de quitter l'Australie…

Le temps avait passé, elle approchait de sa majorité, déjà 18 ans, un début d'études qu'il n'aurait pas cru possible de sa part et pourtant étonnante gamine, qui soudain s'était réveillée et avait décidé de suivre un peu son père dans la recherche des pierres
précieuses ; elle avait commencé la géologie et s'intéressait à l'étude du terrain où ses stages pratiques l'enchantaient et même la passionnaient !

Michel allait mieux, avec les années il avait effacé l'image d'Ophélie …
IL était rassuré pour Emma qui semblait trouver sa voie …

Alors peut être était-il temps de partir. De recommencer ailleurs une autre page de sa vie …





Ce message a été édité - le 13-06-2021 à 00:11 par Machajol


Machajol
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Posté à 23h01 le 14 Jul 21

C'est ainsi qu'un beau jour Emma
partit en randonnée avec des groupes de scientifiques, escalader une paroi où semblait il, se trouverait peut être dans une fissure millénaire, la pierre opaline imaginaire dont le seul nom faisait vibrer son père !

Elle chaussa ses chaussons d'escalade, fixa son mousqueton,
vérifia sa ceinture et commença à grimper; en bas Alfred sécurisait son ascension.

La roche était bien sèche et se fissurait par endroit; les doigts d'Emma cherchaient des prises, ses pieds, des points d'appui. La montée était rude et pourtant, la fièvre la gagnait, sachant qu'au bout enfin, elle rendrait à son père, ce dont il avait rêvé durant toute sa vie de chercheur…

Soudain le vent se leva, la poussière du désert s'envolait en nuages, piquant les yeux et sur la roche Emma avait du mal à voir les prises. Elle ne comprit pas ce craquement soudain et alors qu'elle réalisait que la roche refusait son passage, trop tard elle entendit un sourd grondement, déchirant.

Les mousquetons tombèrent les uns après les autres; la roche trop sèche se fissurait de plus en plus
et alors, elle comprit que malgré "l'assurance" d'Alfred en bas, beaucoup trop bas au sol, elle était en danger.

Elle sentit filer la corde qui l'a retenait encore voila quelques minutes, elle se sentit partir en arrière et tout défila très vite … sa mère, son père, ses amis, ses recherches, sa vie, en un clin d'oeil serait effacée à tout jamais. Puis, dans une sorte de brouillard noir, devant ses yeux, elle se sentit perdre conscience, sa tête heurta quelque chose puis tout s'effondra et elle perdit connaissance.





Machajol
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Posté à 20h51 le 09 Oct 21

Emma venait de mourir.

Michel, après l'enterrement prit l'avion de suite et revient en France.

Trop de dégâts : sa femme, puis sa fille. Il vendit le peu qui lui restait, une vieille bicoque dans les sables rouges du désert et dit adieu à cette terre "maudite"...

L'avion survolait l'océan.
Bientôt il serait à Paris et retrouverait celle qu'il avait toujours aimé en secret : Bertille.


Machajol
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Posté à 17h54 le 10 Oct 21




Pierre


Il était beau comme un Dieu.
Les grands yeux vifs de sa mère,
des cheveux bruns bouclés, un visage
halé par le soleil.

Il travaillait la terre et avait une
ferme quelque part en Auvergne.

Les vaches rousses et fières, les Salers,
lui donnaient du bon lait dont il faisait
les fromages qu'il vendait au marché.

Il voyait peu sa mère occupée à Paris
avec tous ces artistes qui voulaient
accrocher leurs toiles "chez Bertille".

Il était content pour elle ; son travail lui plaisait le monde, la rue, les arts, quelques allées-venues en Europe ou ailleurs à la recherche toujours de la perle rare.

Lui, Pierre se contentait de contempler le ciel :
les levers, les couchers du soleil sur la plaine auvergnate, les couleurs changeantes dans l'azur.

Les saisons défilaient, à chacune son travail : les moissons en été, le fourrage en hiver, la fabrication des fromages, la vente aux marchés des villages avoisinants.

L'été, les touristes affluaient, les randonneurs le connaissaient bien et appréciaient sa gentillesse et sa disponibilité.
Il pensait d'ailleurs ouvrir un gite dans sa grande ferme dont un des batiment pouvait être rénové.

Ses champs de blé étaient bio, bien sur, il protégeait sa terre, faisait de l'agriculture raisonnée.
Recueillait les pluies dans d'immenses cuves pour ses bêtes. Il respectait les saisons les cultures, les champs.

Il avait crée une association où ils se réunissaient à plusieurs
jeunes exploitants : des livres y étaient en vente pour former des jeunes de quatorze seize ans (plus ou moins en échec scolaire),
à l'agriculture de demain.

La coopération fonctionnait bien et ils avaient mis en placele libre-service à la campagne !
Ventes de légumes et de fruits du producteur au consommateur.

Les services de proximité étaient de plus en plus demandés et la cueillette aussi avait du succès : les enfants et les parents venaient le weekend ou durant les vacances , remplir leurs paniers eux mêmes et repartaient ravis, les joues rosies par le plein air vers leurs villes respectives.

Il pensait aussi livrer avec son camion quelques villages alentours
pour les personnes à mobilité réduite, les hivers étaient rudes, en Auvergne.


Le coeur sur la main, il n'oubliait personne et sa renommée s'étendait
dans la région.
Il s'était toujours demandé l'origine de ce coeur au bas de son dos ? ...
Une marque de naissance...
Ses amies lui souriaient toujours en disant :
" Tu as le langage du coeur et toute ta vie est basée sur le respect de la vie, de la terre, des hommes"...

Aussi, ces paroles lui suffisaient et il avançait droit, humble et bon,dans une intelligence généreuse envers les autres.







Ce message a été édité - le 10-10-2021 à 18:00 par Machajol



Ce message a été édité - le 10-10-2021 à 18:25 par Machajol



Ce message a été édité - le 10-10-2021 à 18:29 par Machajol



Ce message a été édité - le 11-10-2021 à 13:50 par Machajol

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