Ces derniers temps, j'agence un recueil toujours futur, chronophage et enivrant ; entre-temps, j'ai un peu travaillé phonèmes et morphèmes...

Technique, ardue, du sonnet monosyllabique ; exemple (par Le comte Paul de Rességuier, en 1562) :

EPITAPHE.

FORT
BELLE,
ELLE
DORT.

SORT
FRÊLE !
QUELLE
MORT !

ROSE
CLOSE
LA

BRISE
L'A
PRISE.



- Elégant, non ?
Le cahier des charges est là, tout simple (!) : un sonnet mono !
- Préchauffez vos méninges, il faudra pousser dans les côtes, mais il y a plusieurs centaines de milliers de connections neuronales à gagner !

je vous en poste un mien :


Sonnet blafard


Nuit...
Une
Lune
Fuit,

Luit ;
Brune
Prune :
Fruit !

L'ombre
Sombre
Aux

Franches
Eaux
Blanches...






Ce message a été édité - le 29-01-2022 à 01:47 par Salus

Hein, pas beaucoup de clients à mes étaux ! (si : un étal des étaux, je vous demande un peu !)

...C'est vrai qu'il y faut du temps, et que c'est pas évident, mais le minimalisme est une dimension fascinante, non ?

Bon, en attendant, regardez ce que nous a pondu, jadis, le grand Charles (Les apocopes des articles sont trop systématiques à mon goût) :

Baudelaire s'est dans sa jeunesse mesuré à la forme monosyllabique. Le Figaro du 11 février 1878 révèle cette macabre fantaisie sociale :

Le Pauvre Diable

Père
Las !
Mère
Pas.

Erre
Sur
Terre...
Dur !...

Maigre
Flanc,
Nègre
Blanc,

Blême !
Pas
Même
Gras.

Songe
Vain...
Ronge
Frein.

Couche
Froid,
Mouche
Doigt ;

Chaque
Vent
Claque
Dent.

Rude
Jeu...
Plus de
Feu !

Rêve
Pain
Crève
Faim...

Cherche
Rôt
Perche
Haut,

Trotte
Loin,
Botte
Point.

Traîne
Sa
Gêne,
Va,

Pâle
Fou,
Pas le
Sou !

Couve
Port
Trouve
Mort !

Bière...
Trou...
Pierre
Où

Sale
Chien
Pâle
Vient,

Sur le
Bord,
Hurle
Fort

Clame
Geint
Brame...
Fin ! "

Source : Claude Pichois, in Baudelaire, Œuvres complètes, I. Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1990.













Ce message a été édité - le 26-01-2022 à 14:45 par Salus

Ciel, le chaland afflue ! (quoique discrètement)

Allez, encore un petit de mon cru, pour vous appâter :


Sonnet de l'incitation


La
Dingue
Bringue !
Ça

Swingue
Là ?
Da !
- Fringue

Ton
Bon
Prose

Puis
Ose :
Suis !

Allez, je vous en ressers un, si, si, c'est pour moi !





Son net



Dieux !
Gage
D'âge
Vieux :

Mieux
Sage ?
- Sache,
D'yeux

Prendre,
Chantre,
L'heur

D'aile,
Fleur
Belle !

Poussé par l'aimable pression de la demander générale, je vous en livre un mien quatrième :



Taf des fafs

(Sonnet rallongé)


Votre
Sport ?
Notre
Mort !

L'autre
Port ?
L'ordre
Fort !

Brutes
Vous
Crûtes,

Fous,
Etre
Sceptre,

Loi,
Roi !

Pire :
Nuire !





Ce message a été édité - le 29-01-2022 à 01:46 par Salus

Ah, ça c'est du sport !

je ne suis pas plus convaincu que ça par ce que je vais te proposer mais le mécanisme est en route :

Fi
L’heure
Qu’y
Meure

Seule
Peur
Peule
Sœur ;

Or
Elle
L’or
Aile,

Un
Hymne.
Fin
Digne.

Chouette, ça commence à mordre !

- On l'a vu avec Baudelaire, certains, parmi les plus grands, s'y sont frottés, pas toujours avec bonheur :

Cocher ivre


Pouacre
Boit :
Nacre
Voit :

Acre
Loi,
Fiacre
Choit !

Femme
Tombe :
Lombe

Saigne :
— Clame !
Geigne.

A. Rimbaud.



Ce message a été édité - le 29-01-2022 à 18:51 par Salus

On continue ?
On continue !

Je rappelle que le sonnet, ce miracle littéraire, est censé posséder une chute, et que le sens y doit bifurquer ou évoluer à partir du premier tercet :


Sonnet bredouille


Noie
Là
Ta
Joie !

La
Voie ?
L'oie
L'a !

File,
Fille
D'air,

Libre
Chair
- Vibre !

Bon, c'est vraiment parce que j'apprécie ton travail... Mais en guise de prise de tête, j'ai rarement connu pire...

(Pardon)



Avançon

L’isthme
Fend,
Prisme
Lent,

L’âme,
Son
Clame
Qu’on

Hume
L’air.
Large

Hune.
Mer,
Barge.





Ce message a été édité - le 31-01-2022 à 15:34 par Lau

Bravo !
Tu n'as rien à te faire pardonner, et rien n'oblige à l'exercice, sinon le goût du jeu divin...

("son / Clame") je n'arrive pas à démêler le sens ?)

Voilà, tu vois, c'est le carnaval !

L'isthme,Fend,Prisme,Lent,L’âme
c'est tout ça le 'son'.

Dans ce jeu, la ponctuation est primordiale ; la virgule est un mot, une proposition...

Evidemment, rien n'oblige ; je demandais le pardon pour ma médiocrité... Mais je vais m'améliorer.

Oui, oui, ça fonctionne, j'aurais dû être plus malin !
(D'accord avec, pour la ponctuation)

Allez, à moi :

Sonnet du sax malsonnant


Cuivre
Ivre
Est
Laid !

Livre,
Fifre,
Quiet
Lied,

Cette
Si
Nette

Note
D'ode :
Si.




Ce message a été édité - le 03-02-2022 à 21:38 par Salus

Sonnet pérenne



L'art,
Cette
Crête,
Part

Tard :
Nette
Fête,
Nard,

Digne
Ligne,
Son

Preste
Son
Reste.






Ce message a été édité - le 03-02-2022 à 21:33 par Salus

Mono Me Too




Sale
Con !
Ton
Pâle

Phalle,
Mon
Bon
Mâle,

Croit
Droit
L'aigre

Dard ?
Maigre
Part !

Sonnet bancalement complice

Vif
Homme,
Pif
Pomme!

Vile
Âme,
Pile
Femme!

Rient
Si
Fort,

Pire
Tort
Vire.



Ce message a été édité - le 09-02-2022 à 08:46 par Serona



Ce message a été édité - le 09-02-2022 à 08:46 par Serona