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Saintes
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Posté à 07h47 le 25 Jan 22

Lundi matin 21 Janvier 1793.
Une main décidée me prit sur la table de la triste salle de garde. J’atterris dans la poche d’un garde national. Malgré le tissu je sentais le froid et l’humidité. J’entendis grincer une grille de fer. Une brève injonction fusa : « c’est l’heure ». Une odeur de café essaya d’atténuer le moisi du lieu. Puis le raclement d’une chaise sur le sol. Alors ces simples paroles adressées à un officier : « voici mon testament ». « Suivez-moi », dit mon possesseur dont la voix vibra. Un courant d’air nous enveloppa, puis l’air vif du dehors.
Après quelques pas nous montâmes dans une voiture dont les ressorts grincèrent. Dans la pénombre des lueurs vacillaient. Paris était muette et tranquille, comme s’il n’y avait personne sur notre chemin. Le tintamarre des roues sur le pavé diminua puis la voiture stoppa. Mon garde national fit descendre sa Majesté.
Une rumeur lointaine et des ordres militaires. Après quelques pas nous montâmes cinq marches. Je sentis l’odeur du bois. On me tira de la poche, puis un moment d’hésitation. Le roi refusa qu’on lui lie les mains. Un chuchotement et il accepta. On m’enroula autour des poignets tremblants de l’illustre personnage. On me noua sévèrement jusqu’à me faire mal. Ses veines palpitaient rapidement. Je l’entendis s’adresser à la foule mais fut promptement couvert par le roulement des tambours. Pendant cela le rythme de son sang baissa. Un mouvement se fit et je sentis qu’il s’allongeait. La tension de ses poignets était grande. Son rythme cardiaque s’affola. Un impressionnant silence planait. Un sifflement, un claquement. Puis une complète détente. C’était fini. La rumeur repris mais discrète.

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