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LES COMMENTAIRES RECUS:


Oxalys [06/11/20 15:32]
Tant qu'on ne sait pas la date exacte de la création de Musset on ne peut juger s'il a plagiat.
Le texte de Goethe date de 1797 - toutes les sources que j'ai consultées sont formelles.
Et puis soupçonner un si grand poète d'avoir plagié cela semble monstrueux...
Disons qu'il y a coïncidence "historique" ou nécessité de plaire à un certain public, un mécène....
Qui sait ?

Merci en tout cas, Salus, d'avoir pris la peine de prospecter dans cette sombre affaire de fer à cheval et de cerises bibliques.


Salus [05/11/20 21:19]
J'ai trouvé ça, mais je ne les ai pas lu :

Musset
Nouvelles et Contes
Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Tomes VI et VII
Charpentier, 1888.

...Le conte est jésuite et d'une foi tortueuse, et il y a manifestement plagiat, mais, vu qu'ils furent contemporains, qui est le plagiaire ?


Oxalys [03/11/20 23:45]
Cette ballade rappelle curieusement un conte attribué à Alfred de Musset, trouvé par hasard en fouinant sur le net et intitulé « Les cerises »

https://samichaiban.wordpress.com/2015/07/22/les-cerises-petit-conte-dalfred-de-musset/


Les cerises

Un jour, tandis que Jésus et Saint Pierre cheminaient de par le monde, ils se sentirent bien fatigués. Il faisait une chaleur terrible mais en cours de route ils ne trouvèrent pas la moindre âme charitable pour leur donner un verre d’eau, pas le plus petit ruisseau pour leur procurer un filet d’eau. Cheminant cahin-caha, Jésus, qui marchait devant, vit sur le sol un fer à cheval ; il se retourna vers son disciple et lui dit :
– Pierre, ramasse ce fer à cheval et garde-le.
Mais Saint Pierre, qui était d’une humeur de chien, lui répondit :
– Ce morceau de fer ne vaut pas la peine de se baisser. Laissons-le là, Seigneur.
Jésus, comme d’habitude, ne fit aucun commentaire ; il se contenta de se baisser, de ramasser le fer et de le mettre dans sa poche. Ils se remirent en route, muets et silencieux.
Au bout de quelque temps, ils rencontrèrent un forgeron qui allait dans la direction opposée. Jésus lia conversation avec lui au cours de la halte qu’ils firent tous ensemble, et au moment de se quitter, Jésus lui vendit le fer qu’il avait trouvé.
Ils poursuivirent leur chemin et tombèrent par hasard sur un marchand ambulant qui se rendait au village voisin pour vendre des fruits. Jésus l’arrêta et acheta avec les quatre écus de la vente du fer à cheval, une demi-livre de cerises. Pendant tout ce temps,Saint Pierre restait muré dans son silence et sa mauvaise humeur empirait.
La chaleur redoublait ; les gorges se desséchaient. Seul Saint Pierre souffrait de la soif, car Jésus mangeait les cerises et le jus des fruits rafraîchissait son palais. L’apôtre, qui marchait péniblement derrière lui, regardait le Sauveur avec envie ; mais comme les cerises avaient été achetées avec le gain de la vente du fer à cheval qu’il n’avait pas voulu ramasser, il n’osait pas demander à Jésus sa part du festin. Celui-ci, sans avoir l’air de rien, laissait tomber une cerise de temps en temps, et Saint Pierre se penchait avec avidité pour la ramasser et la porter à sa bouche assoiffée. Quand il n’y eut plus de cerises, Jésus se retourna vers son disciple et lui dit :
– Tu vois, Pierre, on ne doit rien dédaigner en ce monde, même ce qui nous paraît mesquin et dépourvu de valeur. Pour n’avoir pas voulu te baisser une fois et ramasser le fer à cheval, tu as dû t’incliner de nombreuses fois pour les cerises que je laissais tomber sur le sol. Ceci t’apprendra, Pierre, à ne dédaigner rien ni personne.
Saint Pierre ne trouva rien à répondre ; il baissa la tête et poursuivit humblement le trajet derrière son Seigneur.



Musset a-t-il vraiment écrit ce texte – Si oui quand exactement et dans quel recueil peut-on le trouver ?
Une chose est certaine, la ballade de Goethe, écrite en 1797, est authentique.

On peine à imaginer que ces deux poètes célèbres de leur vivant aient eu besoin de copier l’un sur l’autre. Se sont-ils fortuitement inspirés d’une légende ancienne commune à leurs deux pays ?


Goethe 1766-1832
Musset 1810-1857



Oxalys [03/11/20 23:42]
Légende du fer à cheval

Comme toujours méconnu et très léger,
Notre Seigneur sur terre allait
Lors de nombreux disciplesvinrent à lui
Qui comprenaient rarement sa parole.
Il aimait par-dessus tout
Tenir sa cour dans les rues
Car sous la face du ciel
On parle mieux et plus librement.
Il donnait là les plus hauts enseignements
Prononcés par sa sainte bouche ;
C’est surtout par paraboles et exemples
Qu’il changeait chaque marché en temple.

Alors qu’il se promenait, l'esprit tranquille,
Avec eux dans une petite ville,
Il vit quelque chose briller sur la route
C’était un fer à cheval brisé.
Il dit alors à Saint Pierre:
"Ramasse donc ce fer !"
Saint Pierre n'était pas attentif,
Il rêvait tout en marchant.
C’est une chose fréquente au monde
Qu’on prend tous plaisir à faire
Car dans la tête, il n'y a pas de limites;
C’est donc ce qu’il préférait, penser.
Or la trouvaille était bien trop minime pour lui
Si cela avait été une couronne ou un sceptre ;
Mais à quoi bon courber le dos
Pour récupérer une moitié de fer à cheval !
Il se tourna donc de l’autre côté
Et fit comme s’il n’avait rien entendu.

Sur quoi le Seigneur plein d’indulgence
Ramasse lui-même le fer à cheval
Et fait comme si de rien n’était.
Peu après, arrivés à la ville,
Il se dirige vers la porte d’un forgeron
Et lui cède le fer pour trois sous.
Puis ils se rendent au marché
Où l’on vend de belles cerises
Il en achète autant qu’on peut
En avoir pour trois sous
Et les glisse dans sa manche.

Puis ils quittèrent la ville par l’autre porte
Rien que prairies et champs, pas de maison.
De plus, le chemin était dénué d'arbres;
Le soleil brillait, la chaleur était intense
Dans cet endroit on aurait donné beaucoup
Pour avoir un coup d'eau à boire.

Le seigneur marchant toujours devant
Laisse tomber une cerise comme par hasard.
Immédiatement Saint Pierre se précipite
Comme si c’était une pomme d’or ;
La baie est délicieuse à son palais.
Un bout de temps plus tard
Le Seigneur fait tomber une autre cerise
Que Saint Pierre s’empresse de ramasser.
Par la suite, le Seigneur le fait se baisser
Souvent pour avoir d’autres cerises.
Cela dure un bon moment
Alors le Seigneur dit avec sérénité :
Si tu avais agi au bon moment
Tu aurais eu moins de peine par la suite.
Qui ne prend pas soin aux petits détails
Ne s’épargne pas les gros efforts.