Trotteuse



J’envie, au temps, l’immobile immersion
- Parfois, voir au-dessus des crêtes
Serpenter l’existence, certes,
Fait connaître, âpre, une altière émotion ;
Or les lucidités sont traîtres
Et leurs amours pleines de spectres !

J’avais désir d’un grand hymne animal,
Mais mon humanité foncière
A poussé, dans la fondrière,
Le bon, qui m’avait donné tant de mal !
Et l’insane humaine âme fière
Fut tout le peu que j’ai su faire.

J’aurais voulu connaître d’être oiseau,
Que le plané, seul, m’interpelle ;
La nuit loin de la terre est belle,
Que je sois air, brume !… et que je sois eau !
Féal de la grande Cybèle !

Vieux, j’ai perdu le gain vrai des instincts.
- Printemps en aucun cas ne dure ;
Ebauché, l’on n’était qu’épure,
… Et les derniers feux sont déjà distincts !
La vie unique est de mort sûre ;
Brève et brûlante ardeur, morsure !

D’inconscient, qui ne sache sa fin,
Il n’est pas ! Aucune âme preste
N’ignore : aucune âme ne reste !
C’est dans le vol liquide du dauphin ;
C’est dans la longueur de la laisse,
C’est chacun qui meurt ou se blesse…



Puis, le bonheur de s’étendre au soleil.




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Ecrit par Salus
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