Va, petit Jean

Va, laisse t’emporter au loin les mouettes
Par delà les arcs-en-ciel irisés,
De sauts francs sur les flaques, à tue-tête,
Égaie les nuées, là-haut éplorées.

Cueille en flânant au champ les bouquets,
Admire au bout du doigt les coccinelles,
Couché dans l’herbe, entend les criquets
Jouer leurs curieux airs de violoncelle.

Va, cours dans les vagues qui te chahutent,
Ouvre sur le sable des ponts-levis,
Des bastilles, que les marées amputent,
Que d'éclats de rire, tu reconstruis.

Rapporte, dans des tricots accrochés,
Ton sourire clair pour toute réponse,
Ô purs trésors de générosité,
Des butins sucrés arrachés aux ronces...

De cette innocence, qui est Aurore,
Galope, petit Jean, sans t’arrêter,
Et ce temps qui gronde, enfancivore,
Surtout, ne le laisse pas t’approcher.


Jean est mon petit neveu. <br />
J'avais écrit ce poème pour ces trois ans, il vient de rentrer au CP, fêtant son sixième anniversaire.


Ecrit par Fregat
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