Sans un mot

Les mots enflamment mon esprit
Se consumant entre mes doigts,
Il est des jours tel celui-ici
Où l’écrit ne va pas de soi.

Je regarde la page blanche
Qui je le sais le restera
Car les idées, sans amarrage,
Naviguent vers d’autres deltas.

J’ai beau observer la barrière
Un peu rouillée de mon enfance
Je ne sais quelle muselière
Vient bâillonner mon espérance

D’y flâner une fois encore,
Pour cueillir d’oubliés frissons
Dans cette inépuisable amphore
Où les aurores étaient chansons.

Dessous même le vieux tilleul
Pourvoyeur de vers par instinct,
Ma plume me laisse bien seul
Malgré ce beau soir de juin.

Ainsi sous mes doigts inutiles
Connectés là-haut au chaos,
Ma page vide et infertile
Souffre sans âme et sans un mot.



Ecrit par Fregat
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