Via Crucis

Que se passe-t-il en ville ?
Pourquoi ce bruit, ces clameurs ?
Pourquoi ces accents vengeurs
Et cette foule fébrile ?
La rue, hérissée de haine,
N'est qu'un tumulte rampant,
Un grouillement délirant
Qui vocifère et se traîne.

Voici qu'on mène au supplice
Un homme pâle, épuisé,
Un malheureux condamné
Dont le pas trébuche et glisse.
Chargé du bois d'infamie
Et pressé par les soldats,
Il avance, mais si las
Qu'il paraît presque sans vie.

Sur son visage immobile
D'où le temps est comme absent,
Entre les plaies et le sang,
Coule la source fragile
D'une bonté indicible
Plus puissante que la nuit,
D'une tendresse dont luit
La lumière inextinguible.

Lui qui marchait sur nos routes
Et s'asseyait parmi nous,
Lui, l'Ami, l'Humble et le Doux,
Lui qui apaisait nos doutes,
Il est jeté en pâture
A nos chefs et aux Romains,
Le voilà entre leurs mains,
Couvert d'opprobre et d'ordure !

De tous côtés on l'accuse :
"Fils de rien ! Blasphémateur !
Comploteur ! Usurpateur !"
Là encore on s'en amuse :
"N'es-tu pas un grand prophète ?
N'es-tu pas roi ? Mourras-tu
Sur cette croix, seul et nu ?
Que ne sauves-tu ta tête ?"

Il se fait un grand silence,
Le ciel s'assombrit soudain,
Une frayeur nous étreint ...
- Qui nous dira la souffrance
Au fond du cœur de la mère
De celui qui rend l'esprit
Dans le souffle d'un seul cri
Plus vaste que le tonnerre ?...


Ce poème est le fruit d'une longue méditation des Evangiles de la Passion. Son écriture a aussi été inspirée et accompagnée par une chanson de Francis Cabrel : "Dans chaque cœur" (du CD "In extremis")<br />


Ecrit par Ombrefeuille
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