Le fauteuil du salon

Il y avait quelqu’un
Une lumière,
Un livre,
Un être d’exception,
Sur le fauteuil vide,
Au fond du salon.

Des souvenirs affleurent...
Il aimait l’esprit, la littérature
Malgré ses maigres études,
Les plaisirs simples de la vie,
Autour de son épouse,
Qu’il comblait d’un véritable amour,
De ses six enfants qu’il portait
Dans le secret pudique de son cœur
Où bien souvent
Se mélangeaient les prénoms,
De son potager et de son verger,
Objet de soins adroits,
De tant d’attentions
Qu’ils forçaient l’admiration des voisins,
De ses amis fidèles qui aimaient le charrier
Sur le sport et la politique
Autour d’un jeu de cartes,
De fumée et de jurons…

D’autres aussi, plus cruels,
Où se mêlaient des histoires tristes
Surgies d’un passé de douleur,
Des chansons déchirées
D’un pays d’exil qui ne fut pas le mien,
Des silences sillonnés de larmes
Sur ses traits creusés,
Burinés par le soleil implacable des maçons,
Et sévèrement châtié
Par des épisodes récurrents d’insomnie.

Je le revois, les yeux brillants,
Maillon central de cette union familiale
Tressée de cheveux bruns, blancs et dorés,
Clamant dans son français écharpé,
Verre fier à la main,
Le début des festivités…
Au milieu des rires,
Je chercherai le sien.

Il manque tant cet ami,
Mon père,
Papa,
A ma vie,
A cette maison,
Et puis à ce fauteuil fidèle,
Tout au fond du salon.


Pour le cinquième anniversaire de ton départ, Papa.

Ecrit par Fregat
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