La vieille maison de ma campagne

Elle se cache, à l’orée du bois,
La forêt lui pend aux fenêtres,
Le soir, elle n’écoute de voix
Que de la nuit qui la pénètre.

Sa chaux nourrit l’usée coiffure
D’une vieille vigne châtiée
D’être restée, pâle fourrure,
Sur ses tristes murs délabrés.

Son toit souffre de pluies cruelles
Depuis la matinée de vent
Qui l’a effeuillée, criminelle,
De tant de tuiles, en passant.

Les lames de ses volets clos
Sont disjointes et d’un clair disque,
Dans le grand salon au cœur gros,
Quelquefois le soleil se risque…

Sa clarté alors la ranime
D’une maigre vie qui frémit,
Dans un coin, son poêle s’abîme
Dans des pensées couleur de suie.

Au mur, accroché de guingois
Autant qu’à de vieux souvenirs,
Un portrait sourit sous la soie
De toiles qui le font blêmir.

Sans âge, l’escalier étend
Son pas fébrile vers l’étage
Où semble gémir un enfant
Qui n’est que vent sifflant sa rage.

Où que le faisceau se promène,
Inquiet de cette vie cloîtrée,
Il ne réveille, dans sa veine,
Qu’illusions d’un défunt passé…

Alors doucement, il la laisse,
Glissant de rayons assombris,
Bramer son ancienne jeunesse,
Tel un vieux cerf, quand vient la nuit.


Ce poème est un hommage à la maison que nous avons occupée, ma famille et moi, à Guiche (64) durant 3 ans à notre arrivée en France en 1967 et que j'ai revue (dans un état terrible) il y a peu.<br />
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Une très bonne année à tous!<br />


Ecrit par Fregat
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