Contes et légendes



C’était un ogre triste à l’esprit morfondu,
Qui rêvait de carnage ;
Mais il était trop bon pour libérer sa rage
Et son couteau pointu…
Alors, pour se calmer, courant après l’orage,
Il hurlait, fou, gros, nu !

Un jour que sous le ciel bas où grondait la foudre,
Il allongeait le pas,
Vint une jeune fille à la taille de loutre
- Providentiel repas -
… Elle le regardait, balançant ses appas,
Pas apeurée ; en outre,

Elle avait de la fée un sourire moqueur,
L’éclatante jeunesse,
Et l’invite avenante, un visage de liesse,
Qui fouaillait son cœur…
Comme il aurait voulu pendre son corps à l’esse !
Agir, tel qu’un traqueur

Froid (car c'est, de tout temps, la condition du monstre,
Et la terreur des gens !)
Mais la bonté nous tient, ainsi que le démontre,
Las ! sans prendre de gants,
La fin de cette histoire où les yeux engageants
De la belle rencontre,

Hypnotisant l’anthropophage maladroit,
Insufflaient l’espérance
A l’esprit torturé par l’absente béance
De ces crimes qu’on doit
Perpétrer sous peine être en la désobligeance
D’un tueur hors du droit,

De la prérogative obligée et fatale
Propre à l’affreux karma
Poussant à déchirer de ses dents la vestale,
La muse ou la mamma,
L’enfant, le chat, les vieux, le mec et la nana ;
Boire à l’hydrocéphale !

Mais, malheureux de l’être il était timoré
Et c’était sa déroute ;
Il eût aimé qu’on l’aime, et l’aurait aimé toute,
D’un grand amour doré !
Et malgré que rongé par un étrange doute,
Il allait, honoré

Par le regard très noir, sous l’attitude prude
De cette frêle enfant...
Mais sitôt enlacée, elle devint très rude,
Puis folle, et telle au vent,
Furieuse, elle a planté ses longs crocs en bavant
Le poison fort qu’exsude


La goule démoniaque aux trompeurs attifets !
- O ! Strige épouvantable…
Et le seul ogre bon, dont l’innocente table
Sans poissons ni civets,
Et qui n’avait connu que chère charitable
Mourut. - Ce sont les faits






______________________________________________________




Ecrit par Salus
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net