Mes vertes années

Comme me revient ton visage
Maman, souriant, désarmé
Devant la candeur de mon âge,
Dont tu démasquais les secrets!

Ces clémentes années, fugaces,
En leur tour étaient les vigiles
De braves croisades, d’audaces,
Au cœur d’une enfance fertile.

Au creux de ces douces années,
Tant de cabanes j’ai bâties
Qui devenaient des forts râblés
A l’approche des ennemis...

Je maniais l’épée en expert,
Dans une frénésie terrible,
Des coups assénés de revers
Lardaient mes rivaux invisibles...

Les jeux qui épataient les filles,
Les trocs d’une jeune culture,
Au cou, des colliers de coquilles,
A l’eau, des esquifs miniatures…

C’était L’or d’éternels demains
Qui revenaient à chaque instant,
La vie, charmée, offrait sa main
Au prince que j'étais, puissant.

Des certitudes palpitaient
En ces temps perdus dans mon cœur,
Que chaque jour, dans sa marée,
Ne portait que joies et honneurs.

Il en épuisait les sentiers,
Fougueux, sans aucune méfiance,
Il ignorait que s’enterrait
Sous ses pieds vaillants, son enfance…

Bien qu’à présent mes pas défrichent
Des ronces, dans leur glissement,
Le fond de mes yeux,lui, affiche
Toujours, la fleur de mes huit ans.




Ecrit par Fregat
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