Le bateau disparu

Elle s’est apaisée, la gueuse rugissante.
Après le tumulte infernal,
Trois jours et quatre nuits de rage fulminante,
Sourd un clapotis machinal.

La grève est semée d’épaves enchevêtrées,
Monceaux de sinistre butin,
Voilures déchirées, carènes éventrées,
Séchant au grand air du matin.

Hagardes et prostrées, comme tant d’autres femmes,
Une pauvre veuve et sa bru
Observent l’horizon, scène de tous ces drames,
Cherchant le bateau disparu.

Un thonier ancestral, leur manne nourricière,
Le seul et âpre gagne-pain,
Où le fils fut maître à bord après que le père
Dessalât un jour de gros grain.

Près de l’ancre échouée, œuvre du maléfice,
Une pauvre veuve et sa bru,
Des hommes de leur vie ayant fait sacrifice,
Pleurent le bateau disparu.


D’après le tableau de<br />
Jose Julio de Souza Pinto – (1835-1899) - O barco desaparecido (1890)<br />


Ecrit par Oxalys
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