Et elle traîne sa peine, l'âme pleine de mélancolie

Le moral en charpie, le coeur dans les talons,
Elle marche sous la pluie sans but et sans raison.
Seule ombre dans la rue aux pavés de guingois,
Elle est cette inconnue, celle que l'on ne voit pas.

Elle porte comme un fardeau ses amours de misère
Dans un vieux sac à dos teinté couleur d'hiver ;
Ses yeux sont délavés, son âme est en galère,
D'avoir bien trop pleuré, d'avoir fait tant de guerres.

C'est Marie-Rosalie, cette ombre de passage,
Si tremblante et transie en ce froid paysage...
Le moral en charpie, le coeur dans les talons,
Elle marche sous la pluie sans but et sans raison.

Un train siffle au lointain, la pluie tombe sans cesse,
Là, sur le grand chemin l'instant est de tristesse
Et Marie-Rosalie baignée de désespoir,
Comme un oiseau de nuit roule ses idées noires.

En de longs doigts chagrins elle roule une cibiche :
Le gris est son destin, c'est son geste fétiche
Et Marie-Rosalie, la fille sans lendemain,
Trimbale son ennui sa cibiche à la main.

Un chat roux est sorti des méandres profonds,
Il n'a plus de famille, il n'a plus de maison ;
Il suit la pauvre fille...au fond ils se ressemblent
Et voici qu'en la nuit deux ombres vont ensemble.

Le moral en charpie, le coeur en déraison,
Elle marche sous la pluie, un chat sur les talons.
Mais viendra le Printemps, au bout du grand chemin,
Effaçant les tourments, effaçant les chagrins.


Dans toutes les larmes s'attarde un espoir<br />
<br />
Simone de Beauvoir<br />
<br />
Montesquieu


Ecrit par Mijo
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