Les poissons verts

J’ai dispersé dans le vent ces paroles
Qui autrefois conjuraient le grand froid
Fanées, dans la profondeur des rigoles,
Elles vont, froissées, d’un triste convoi.

Mes mains cherchent et ne trouvent plus rien.
Autrefois mes poches étaient si pleines,
Tout ce que j’avais, désormais ancien,
N’est que vide, alourdi de ma peine.

Tu disais de mes yeux qu’ils ressemblaient,
Dans leur océan, à des poissons verts...
Et moi je croyais ce que tu disais,
J’habitais le royaume de la mer.

Mais c’était au temps comblé des mystères,
Où tous les deux dans les flots nous plongions,
Nos lèvres posées, si loin de la terre,
Et nos yeux, où scintillaient ces poissons.

Aujourd’hui, ce regard est juste mien,
Retourné à l’aiguë réalité,
Il est comme un autre et n’a plus rien
De son fou passé, à peine un reflet.

J’ai dispersé sur la mer ces paroles
Qui autrefois m'épargnaient les grands froids
Et je n’ai plus que cette plainte folle,
Qui me parle d’hier et d’eau, parfois.





Ecrit par Fregat
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