Les gens du matin

J’étais là, peut-être, enivré de l’aube
Et des charmes flous de l’azur perçant
Qu’habillaient des vents dans des auréoles mauves.
Je m’étais assis sur ce qui semblait un banc.


Nous n’étions pas nombreux, peut-être six ?
Il n’en faut jamais trop. Et des deux camps
Si l’on veut assister au parfait exercice
Des bouches de métro aux matins délirants


Captez le regard de chaque passant
Qui observe-t-il en allant tout droit
Sachant ce qu’il fait, ou par des pas flagellants
Faibles et évidents, à la croisée du moi ?


Et leurs costumes diffèrent, sont parlants
Quand on s’y arrête. L’oeil est ouvert
Sur les oppositions de ces êtres vivants
Qui vont en se toisant, en prenant de grands airs



Qu’on leur souhaiterait figés toujours
Sur leurs faces roussies comme les flancs
De ces soleils douteux que l’on croit voir un jour
Et que l’on oublie comme on oublie d’être enfant.




II




C’est la dure promenade des grands
Qui pensent dompter l’eschatologie
Des faiseurs de raison qui n’en savent pas tant
Du pourquoi de ce monde et des feux de folies



Il vont et viennent, occupés ; pourtant
Dans leurs mains des bouteilles et des fiches
Et les moins préparés sont ceux qui ont un plan
Car c’est l’aveu des gens qui vous sourient et trichent



Il se déroule une lutte de l’âme
Qui, ici, a raison d’être vivant ?
Les rejetés de la nuit aux mines infâmes
Ou les costumes noirs, qui semblent impuissants ?



Personne, je le dis, n’aura raison
De dire, ou croire, ou faire, c’est navrant…
Il faut s’en aller loin de nos champs de vision
Et s’arracher le cœur dans des fleuves de sang



Mais les couleurs fades sur les écrans
Appellent chacun à venir chercher
L’oubli de sa personne, à nier le néant
Dans lequel notre époque est à jamais bercée.




Ecrit par Francois
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