Ode au cirque

Irons-nous rêver un beau jour
Sur le manège des amours,
Tourner sur ces beaux chevaux blancs
Et remonter le cours du temps
Avec ces fantômes en cire
Qu’on appelle des souvenirs,
Revoir ces visages d’enfants
Que nous fûmes un court instant
Quand le soleil comme un tambour
Cognait sur nos crânes si gourds,
Quand nous dansions à perdre haleine
Pour qu’enfin la pluie se déchaîne.

Irons-nous suivre les forains
Qui sillonnent les grands chemins
Sous des guirlandes enneigées
Telles de tournoyantes fées,
Nous verrons le jongleur des vents
Lancer l’éclair et l’ouragan,
Le dompteur des fiers hippocampes
Qui, la nuit, deviennent des lampes,
Le lanceur des couteaux en rage
Qui vont tranpercer les nuages
Et tombent en gerbe de fleurs
Sous l’œil d’un magicien moqueur.

Nous rirons de la femme à barbe
Qui rase un barbier sans bacchante
En machonnant de la rhubarbe
Cueillie près du phare d’Otrante,
Alors que fuse un homme-obus
Comme une frégate enflammée
Vers les cratères défendus
D’une lune tout égayée
Là, un pesant scaphandrier
A l’aide d’un magnum de rhum
Affronte un requin édenté
Au fond d’un étrange aquarium.

Et voici le pauvre Pierrot
Flanqué d’Arlequin La Combine
Qui se dodelinent penauds
Sans la brioche Colombine,
Le fakir hurle sa misère
Quand il s’assoit sur un coussin
Tandis qu’un Maciste aux haltères
Tord le grand nez d’un capucin.
Mais où êtes-vous mes trapèzes
Quand vous me donniez le vertige?
Alors que traînent dans la glaise
Ces passions devenues vestiges.




Ecrit par Banniange
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