Édifice

Ah que j'avais, avec mes mots,
Construit de grandes citadelles
Aux portes saturées d'ombelles;
Qui m'échapperaient bien trop tôt.
Ce n'était pas les ports furieux
Qui me faisaient souffrir. Oh, non !
J'entendais pleurer les hurons
Et je m'en revenais fiévreux,
Trahi par mes esprits fraudeurs.
Les dunes courbes de toujours
Devenaient soudain des faubourgs,
Traversés de pâles lueurs
Qui transperçaient les murs fragiles
Des rues. Et mes pas souverains
Allaient dans un triste crachin
Aux gouttes fines et subtiles.
J'avais assagi les haleurs
Et, enfant ! Je me rejoignais
Pour des jours où me revenaient
Les souvenirs de la grandeur.
Il n'était pas de théories,
Pas de maquettes amusantes
Sur lesquelles coucheraient, lentes,
Les vérités de l'infini.
Seulement des matins brisés,
Des contraires et des démences
Qui ne me poussaient qu'à l'aisance
De déjà tout me révéler.
Croyez-moi, Seigneur, j'ai tout dit,
J'ai su les jeunesses passées,
Je me suis trop vite agacé;
J'ai tout renié, et tout trahi.
J'ai échappé à la morale,
Aux patries et aux petits peuples;
J'ai sauté depuis les immeubles
Et ravalé mon idéal.





Ecrit par Francois
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