Anthropocène



(Horrere humanum est)



Chaque frontière était une plaie à la Terre ;
Ici, l'on mangeait gras, puis là, ça mourait dru !
Et le monde était proie - on était tous Landru -
Quelques sages pleuraient, que la folie altère...

Nous avions saccagé l'inconcevable Eden
Dont nul dieu ne gardait le pas d'aucune porte ;
Tout en était pourri, puis la mer presque morte
Etouffait sous le joug gras de l'humain Kraken ;

Et les glaces fondaient des banquises australes,
Pendant que, dévasté, le poumon des forêts,
Cacochyme, sifflait, s'étiolant dans les rets
Constrictors resserrant leur garrot sur les râles

De l'aïeule Nature au futur condamné
Que nous avions niée avec notre folie,
Nous prenant pour l'élite – or nous étions la lie,
Le fils suppliciant, sous un sol bien damé,

Sa mère agonisante et toujours nourricière,
Notre très sainte alma mater dolorosa,
Que cette ignoble race humaine amère osa
Martyriser, violer, dans cette souricière,

Avec les instruments d'un progrès contondant
Et les méchancetés maniaques de ses règnes
Fleuris de l'ergastule et du puits où Tu saignes !

...Puis, les maux à venir, le pire ! - Qui T'attend.







Ecrit par Salus
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