Ligne de partage des vies

Sous leurs pas la rue a des ailes
Elle, herbe agile au loin arrivant
Lui s’en venant de l’autre extrémité du vent
Deux jeunesses que lentement l’horizon démêle
Deux jeunesses flottant comme des drapeaux
Légères comme deux souffles de sirocco
Est-ce l’hiver, l’automne ou bien l’été ?
Qu’importe c’est le printemps déployé
Ils viennent l’un vers l’autre et déjà
Comme une aile sa joue se pose sur son épaule
Son corps s’incline à l’alliance de ses bras
Bientôt leurs cœurs se frôlent
Dans leurs veines l’amour ruisselle
Les pigeons sur la corniche s’appellent
Deux rivières prêtes à mêler leurs flots
Deux cœurs prêts à bondir de leurs enclos
Qu’il fait donc beau de ce côté du brouillard
Ou les rêves comme les papillons volent au hasard

Mais soudain un bruit dans l’air, elle tourne la tête
Peut-être un chat sur une fenêtre
Et voilà, la ligne de partage des vies
De ses bruines invisibles tranche et dévie
Au moins s’est elle retournée ?
Et lui l’a t-il au moins regardé ?
Non! en arrière la jeunesse n’est pas regardante
Elle croit tant aux lendemains qui chantent
Mais demain, demain est déjà hier
Dans les yeux le temps jette ses pierres
A qui au bord des printemps attend et se repose
Filent entre les doigts les pétales des roses
Est-ce le printemps, l’été ou bien l’automne?
Qu’importe c’est l’hiver qui résonne
Parfois encore et même souvent
A l’arrière d’un rideau de pluie de grêle
Du fond de leurs rêves d’antan
Surgit un visage aux lignes frêles
Je sais bien ce qu’est cette image floue
Le visage du regret à jamais en son écrou


Ou l'impossible rencontre

Ecrit par Hurlevent
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