Autant en emporte le vent marin

La mer m'a dit : - amie, juste pour un instant,
Voudrais tu partager mes rêves simplement,
Ne plus penser au temps, aux adieux angoissants,
Tout ce qui reste en toi de regrets lancinants.

Dans le creux de mes voiles coule une force vive,
Chaque goutte alimente de la vie le grand flot,
Tels des joncs mes soupirs jalonneront la rive
Pour accrocher le vent et sécher tes sanglots.

Puis elle m'a dit : - des rêves, j'en ai plein la mémoire,
Sous le ciel infini et le souffle d'Eole,
Et sur les bords de sable où l'oiselet vient boire,
S'envolent les tourments et les alarmes folles.

Enfin, elle a conclu : - je n'ai pas de violettes,
De narcisses, de lilas aux parfums captivants
Mais je chante sans fin, surtout pour les poètes,
C'est pourquoi je t'invite à mon rêve océan.

J'ai salué la belle depuis le sable fin,
Sa voix tendre et berceuse a consolé mes pleurs;
Mon âme boit à grand coup le goût de l'air marin
En un si doux moment s'est apaisé mon coeur.


Il est des portes sur la mer que l'on ouvre avec des mots <br />
<br />
Rafaël Alberti


Ecrit par Mijo
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