La plage était trop loin

Entendez-vous la mer gémir sous le ciel bleu,
Tandis que vous rêvez, allongés sur le sable ?
Là-bas vient de sombrer la barque misérable :
La plage était trop loin, le vent soufflait trop peu.

Entendez-vous la mer errer sous le soleil,
Tandis que de l'été vous goûtez la caresse ?
Les flots ont englouti ceux qui fuient la détresse :
La plage était trop loin, et l'ailleurs sans sommeil.

Ne voyez-vous la mer pleurer sous l'horizon,
Se ternir le grand large et pâlir le silence
D'un monde qui produit l'exil et l'indigence ?
Et la plage est jonchée d'un si triste abandon …

Ne voyez-vous la mer déchirer les rochers
Et griffer vainement la rive de l'aurore
Où tant d'autres bateaux s'abîmeront encore ?
Et la plage est jonchée d'espoirs déjà brisés …

Entendez-vous la mer trembler au fond du port ?
Ne voyez-vous vieillir la mer qui se lamente ?
La plage était trop loin, la soif était brûlante,
Et la plage est jonchée des ombres de la mort …


Poème écrit en mémoire des migrants morts en mer et sous-titré "La Méditerranée et les quinze-mille ombres"
Je l'avais posté sur le forum temporaire, et notre ami JMD m'a fait l'honneur de le mettre en musique et de l'interpréter. A écouter sur son site personnel.

Je me permets d'encourager tous ceux qui s'arrêteront un instant sur mon texte à en lire un autre, qui m'a bouleversée, et posté récemment sur notre blog. Il s'agit d'un poème de Au-Clair-de-ma-Plume intitulé "Le chaos du monde". Il dit cette tragédie avec acuité et douleur


Ecrit par Ombrefeuille
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