Pourquoi

Pourquoi ? Pourquoi ?
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Ce ne sont pas tant mes poèmes un peu vieillots, d’une esthétique compassée, d’une métrique obsédée du Nombre, qu’il faut comprendre – mais plutôt les conséquences de ce qu’ils s’appliquent à dire.
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Ne croyez pas qu’il y a un « réel » qui vous impose ses lignes et ses formes : il se passe l’inverse ; le langage, les arts, figurent les choses. Les donnent à voir selon tel ou tel contour, telle ou telle apparence sensible.
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On ne dira jamais assez que c’est la figure qui cerne l’innombrable et en fait pour chacun un cosmos selon le fonctionnement « subjectif » de son cerveau... Enfant de l’esprit, la figure enfante et détaille ce qu’on nomme « réalité ».
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L’ensemble de la figuration apprise et consentie par des collectivité devient, à l’instar d’un code, la forme du réel qui semble ainsi objectif, « lieu commun », et dans ce décor non-contesté, se construisent les subjectivités individuelles.
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L’artiste, forcément poète que ce soit ou non à son insu, fait primer sur la figuration sociale - de fait imposée, reçue, polluée - la mobile figuration individuelle qui assemble et réassemble son cosmos privé, jardin où il vient se réoxygéner.
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Du réel personnel au réel collectif, la distance entre deux ensembles de figures consanguines, par leurs différences de points de vue, amène l’intellect et la sensibilité à la stéréoscopie qui fait la profondeur de l’art ou de la parole poétique.
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Un pied dans le monde commun, un autre dans le cosmos privé, le plasticien, le musicien, le poète, façonnent des œuvres qui témoignent de leur itinéraire dans la forêt du Chaos, à la manière des cailloux blancs du Petit-Poucet. Mais pourquoi ?



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Sur la "création" en art et en poésie.

Ecrit par Lasource
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