De tous poils

Les poils, comm' c'est horripilant
Ça pouss' sans arrêt, tout le temps
Et partout comme du chiendent
Mêm' bien après notre vivant.
Sur les bras, la tête et les joues
Les aissell's, le menton, le cou,
Et des pattes jusqu'au maillot
On en a vraiment plein le dos!

Les poils, c'est pas toujours au poil
A un poil près, comm' je présume
Et c'est parc' que je t'aime à poil
Qu'à tous tes poils, j' préfèr' ton plume

Les poils, c'est un' calamité
Qui nous rase le plus souvent.
Dans les oreilles ou dans le nez
Ils caus'nt ainsi bien des tourments.
Pour sauver la face, on s'épile
A perdre son temps, son argent
Et c'est jusqu'aux cils et sourcils
Qu'on taille sans ménagement.

Les poils, c'est bien horripilant
Pous qu'on s'en fasse des cheveux
Et qu'avec l'un d'eux sur la langue,
On perd' le fil de nos harangues.
Ayez-en un au creux d' la main
Et vous resterez bien en plan:
Même plus épais que le crin
Votre énergie est en suspens.

Les poils, c'est pas toujours au poil
A un poil près, comm' je présume
Et c'est parc' que je t'aime à poil
Qu'à tous tes poils, j' préfèr' ton plume

Les poils, c'est bien désopilant:
Quand par hasard, on les rebrousse,
On se barbe et fort mécontent,
On fait un' drôle de frimousse
Pour avoir un meilleur profil
On se laiss' pousser la moustache
Et sans plus se faire de bile
On s'imagine plein de grâce.

Les poils des colliers et barbiches
Dénotent beaucoup de noblesse
Mais ceux des boucs, sévèr's et chiches,
Méritent bien qu'on les délaisse.
Les poils ainsi les plus prisés,
Demeurent les beaux favoris:
Comment ne pas prendre son pied
Avec des pattes si jolies.

Les poils, c'est pas toujours au poil
A un poil près, comm' je présume
Et c'est parc' que je t'aime à poil
Qu'à tous tes poils, j' préfèr' ton plume

Il est pourtant des poils chéris
Qui forment un bien doux duvet.
Dans le triangle du pubis
Leur touffe est un gazon bien frais.
C'est un bocage au bon cresson
Qu'on foule et mâche avec plaisir:
Plus que le cach'mir, le vison
Ta fourrure a tous mes désirs.

Les poils, c'est pas toujours au poil
A un poil près, comm' je présume
Et c'est parc' que je t'aime à poil
Qu'à tous tes poils, j' préfèr' ton plume




Ecrit par Louis Vibauver
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