Pax Romana

Pax Romana

( Pourtant j’aurais voulu, repu de ces
mirages
Paître, bovin goulu, la prairie en
pacages…)



Sous la poitrine, au creux où la faim manifeste
Sa morsure dantesque et son rythme insidieux,
Se creuse un paysage aux allures de peste,
Mouvant, jaune et battu d’un grand souffle odieux
Couchant sous son haleine et ses vagues alarmes
Le sentiment joyeux, puissant, chaud, cohérent :
La vie au ventre plein, loin des peurs et des larmes.

La famine a jeté sur la route l’errant,
Mais entre chiens et loups, d’un ciel sans repentance,
L’ombre et les souvenirs tombent avec la nuit…

Transi, las, dévoré de sa propre pitance,
Cette chair que dissout l’acide suc induit,
Il est triste et prostré, accroupi, sale, il pleure.
Il n’a plus d’âge, à peine un sexe, en plus, il pleut.

Et l’œil cave un instant se posant au doux leurre
D’une affiche éclairée, en son cerveau se meut,
Tel qu’un reptile vif, autonome, une idée
Sortant, bien enfouie, au tas de son charnier
Mental : cette science à moitié suicidée,
Le caustique combat du malheur rancunier ;

Dans un rire étranglé, toussant, mêlé de honte,
Cet être abandonné, dans les noirceurs reclus,
Lit cet abject pamphlet sous ce que l’or raconte :
Vae victis ! « Pour vivre mieux, consommez plus ! »




Ecrit par Salus
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