Boucs émissaires

C’est la faim qui ouvre la danse
La danse qui berce les cris
De nos cris que tout est écrit
Dans les ornières du silence

C’est le courage, c’est la force
Qui dès l’abord nous fait défaut
Et le miel tendre de la peau
Peu à peu se tisse une écorce

*

C’est la peur qui rogne les ailes
C’est le mal qui nous affaiblit
Et tombé pile au pied du lit
C’est le fruit qui nous écartèle

C’est le vent qui boit les murmures
Le jour qui détruit le matin
Quand nous aurions sous le satin
Raccommodé nos déchirures

*

C’est mon œil rond qui te rend folle
Prise dans ses miroirs de fer
Mais c’est au creux de ton hiver
Que se dérègle ma boussole

C’est toujours à cause de l’autre
Que le monde part à vau-l’eau
Le monde est rempli de salauds
Je suis l’un des rares apôtres

*

C’est par le temps que l’on rend gorge
Par lui qu’on bouffe le chiffon
Qu’on voit le fond du carafon
Et qu’on renonce aux sucres d’orge

C’est dans la terre que s’engouffrent
Tous les hiers, tous les demains
Et l’homme à la croix des chemins
Entre les encens et le soufre

*

Oui mais c’est la faute à personne
Si nos caresses prennent feu
Si j’entends rire tes cheveux
Quand mes lèvres s’y abandonnent

Dès que nos étreintes reviennent
Sous l’ardent soleil de nos nuits
C’est moi le ciel, c’est toi le puits
Nous deux la réaction en chaîne




Ecrit par Lejassyote
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