Le Chien et les puces (fable numérique)



« C’est beau d’être la puce d’un lion,
Le lion humilié a dans sa chair le dard de l’insecte
et la puce peut dire : j’ai en moi du sang de lion. »
(Victor Hugo – l’homme qui rit)


Un chien avait des puces. Vous me direz peut-être
Que l’insecte pouvait sur la bête apparaître
Et que sur maints canins la puce a son logis,
C’est du moins ce qu’on lit dans l’entomologie.

La puce était virale mais se portait fort bien
Car on peut être sain et l’étrange soutien
De maladies diverses aptes à poser leur tente
Sur tous les animaux à la peau consentante.

Or ce chien avait fait de savantes études
Et des démangeaisons détestant l’amplitude
Dit je vais décimer ces bêtes antipathiques
En les emprisonnant en des pièges physiques

Disposant de moyens assez rudimentaires
Mais de quelques outils étant propriétaire
Il prit une pince à puces et mis les bestioles
Dans un tube vidé de quelques babioles

Comme il avait reçu d’un pays très lointain
Une carte postale d’un canidé copain
Au bricolo du coin il acquit de la colle
Et mit sur le carton les bêtes qui désolent

Les puces alignées et collées sur la carte
Devinrent micro-cerises sur une micro-tarte
C’est ainsi que le chien devint un inventeur
Et de la carte à puces l’ingénieux auteur.

On le paya en os et autre friandise
Et sous un nom banal l’invention fut mise
Sans dire au genre humain qui se vante de tout
Que la fameuse carte était fruit d’un toutou !

Les canidés alors saisis par l’injustice
Voulant venger le chien de façon subreptice
Dressèrent une punaise qui savait finasser
À habiter les cartes si mal récompensées.

C’est ainsi que le bug (la bête est polyglotte)
Vint de l’informatique ennuyer les pilotes
Et bloquer des systèmes par de méchants virus
Car le chien n’avait eu juste prix de ses puces.

Moralité

Beaucoup viennent vanter leur savoir à grand bruit
En ayant dérobé leurs idées à autrui
En ce siècle bizarre on rencontre souvent
Ceux qui parlent de tout sans en être savants.
Se souvenant d’Ésope il est de bon aloi
De redouter la fable qui changerait la loi :
Un code qui dirait qu’en des futurs lointains
Les hommes seront sots et savants les canins





Ecrit par Rimatouvent
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