Mon fils...

Quel œil assez rapide arrive à te reconnaître ?
Sur la route, tu es flèche sur arbalète.
Tu pénètres tout, arbre, tôle, glissière, et sur béton t'arrêtes.
La chaîne de cette roue attache aussi ton cœur.
Tu te crois libre, mais tu es prisonnier du moteur.
Tu as comme lui un numéro de série noir, sur ton permis.
Tu n'es plus homme mais machine.
Je connais ton plaisir, son nom : " Adrénaline ".
Quel plaisir de rouler sur un circuit, sans paysage à raconter ?
À chaque tour un temps, pour chaque temps un shoot.
Saoul sans le moindre alcool, tu te laisses griser.
Mais tout s'arrêtera quand ça sera la chute.
Tu te crois fort ?...tu ris...
Mais tu veux ressembler aux moustiques, sur tes yeux de plexi ?
Et tu es mort anonyme...homme au masque de fer.
Tu étais fils du vent, héros, surfer d'argent.
Et moi... j'étais ton père.
Je t'aimais et je te hais !
Parce que tu m'as laissé.
Tu disais " vivre " quand j'avais peur.
Avec moi tu n'as pas pris de gants.
Tu m'as dit : " t'inquiète, je pars mais pas longtemps ".
Tu m'as menti, tu es parti avant moi
Et pour l'éternité. J'attends mon tour maintenant.
Demain ! J’achète une moto et je prendrai la route,
Et le même virage...
Je ferai comme toi le même grand voyage.




Ecrit par Hugo98
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